@Peri @Olivier Déshumanisants, rien que ça ? Je note bien que ce n'est pas dit de façon péremptoire et plutôt pour initier un débat.
Pour autant, cette vision, de mon point de vue c'est du gros... :
La pornographie comme la prostitution opposée aux valeurs morales, c'est vieux comme Eve VS Lilith !
Perso, je m'identifie 1.000.000 de fois à une Lilith qui envoie valser Adam qu'à une Eve toute fadasse. Et plus encore qu'à une Marie que je trouve toute claquée (mise en cloque via des méthodes d'insémination assez farfelues).
En tant que femme, soit un être humain, j'ai des pulsions, des désirs, des envies. Bref, je suis née imparfaite et le resterait. Contrairement à une Eve, j'assume le fait d'aimer et de croquer dans la pomme, parce que Dieu, il est chiant avec ses règles à la con un peu, et les pommes c'est bon. Bon, je suis agnostique puissance maximale aussi XD Et je conspue de toutes mes forces cette fétichisation de la femme, qui devrait être douce, pure, maternelle et gniagniagniah...
Bien sûr, chaque femme devrait pouvoir vivre sa vie comme elle l'entend. Alors si pour l'une d'elle ce sont deux pratiques avilissantes, et qu'elle se retrouve propulsée dans l'industrie du X ou sous la coupe d'un maquereau ou d'une maquerelle, ce sera malgré elle. Mais ce livre ne fait pas l'apologie de ces dérives, bien au contraire.
Il s'adresse à celles qui ont fait, font ou feront ce choix de façon éclairé et au contraire souhaitent inverser la tendance. J'insiste là-dessus, car souvent c'est un faux choix, par exemple si un producteur te vend monts et merveilles pour montrer ta chatte et te lâche comme une m...e ensuite, mais qu'une fois dans le circuit, pas évident d'en sortir pour pleins de raisons.
Nous sommes également nombreuses à élever la voix pour casser cet équilibre sociétal phallocentré. On veut aussi pouvoir voir des femmes valorisées qui sont à la fois la putain ET la meuf respectable.
Ce n'est pas le souhait de toutes bien évidemment, et le but en portant ce débat sur la place publique n'est pas d'en faire la norme. Mais bel et bien d'accepter la diversité des parcours et envies de chacune sans y apposer une morale bien souvent à géométrie variable. Qu'on protège l'intégrité des femmes dont la sexualité devient publique, qu'il s'agisse d'un choix ou non. Tout comme pour les hommes.
Alors, bien sûr, en 160 pages, Despentes ne réécrit pas toute l'histoire de l'Humanité, ni même de notre époque (enfin, celle de 2006). Mais en tant que femme, elle dénonce une posture hypocrite de note société sur ces sujets. Où pour vendre un aspirateur, on peut voir une femme en tenue légère et ça passe crème, mais si c'est en faire un métier, là, elle est forcément victime et véhicule une image dégradante de la femme.
Puis pourquoi ne pas aussi explorer d'avantage les fantasmes féminins ? On sait que beaucoup de femmes utilisent les films pornos comme support. Mais vous avez déjà vus un film X lesbien ? Bah spoiler : ça pue la vision phallo-centrée (le male gaze). Et dans le porno hétéro, la tronche des acteurs masculins est rarement à l'image, et aussi rarement assujettie aux critères de beauté sociétaux. A part la taille de leur membre, y'a zéro sélection pour un acteur de film X, hormis dans le porno gay.
Si je devais simplifier, en gros, l'auteure défend une théorie. Celles que les femmes devraient, alors que nous vivons dans une société patriarcale et capitaliste, s'organiser et disposer de leurs corps comme bon leur semble jusque dans les métiers dits "déshumanisants", "avilissants" etc. Qui sont l'expression d'un jugement de valeur en passant
Non pas que cette industrie en deviendrait exempte de dérives, mais peut-être seraient-elles d'avantage dénoncées et les femmes mieux rémunérées ou moins embêtées pour se reconvertir ensuite. Et également bin, rendre le travail du sexe porteur d'émancipation quand il ne l'est que pour les hommes. Alors que sans renverser complètement la société, on peut le faire -réaliser des films X plus ouverts à tous, protéger d'avantage les prostitués...
Si on demeure factuel, le X comme la prostitution sont bel et bien vecteurs d'une possible ascension sociale (hélas, pas encore décorrélée du mépris et de jugements divers).
En soit, je ne pense pas qu'une femme qui se prostitue ou tourne dans des productions porno alors qu'elle est respectée et actrice de ce choix là soit plus déshumanisée qu'une caissière dans un hypermarché ou une dame pipi qui déteste son boulot de toute son âme mais qui par soucis économiques continuera à le faire. L'une peut sélectionner sa clientèle si elle est maitresse de ses choix, la seconde sera toujours sous la coupe de son employeur.
Enfin, Despenstes revendique aussi le droit de ne pas être traumatisée à vie par son viol. Quand toute la société attend d'elle l'inverse. Mais je ne m'étalerai pas sur le sujet, la citation ci-dessus résume bien tout ça.
Sans être forcément d'accord avec tout son propos, je trouve que cet ouvrage mérite largement d'être lu et cette parole (pas unique) d'être entendue.