Je ne sais pas si vous avez remarqué mais il est toujours plus difficile d’émettre un avis sur ce que l’on a vraiment apprécié parce qu’on ne sait jamais par où commencer. En fait, plus je regarde ce film (et lit le bouquin dont il est tiré), plus je me rends compte à quel point c’est une claque.
C’est d’abord une claque visuelle. L’esthétique du film est irréprochable, il faut dire que le réalisateur est styliste à la base et ça se ressent autant dans le décor, dans la mise en scène que dans le style accordé à chaque personnage.
Il y a aussi un jeu sur les couleurs et la lumière qui se calque parfaitement sur le ressenti de Georges : lorsque celui-ci se retrouve seul, esseulé et enfermé dans son chagrin, tout ce qui l’entoure est terne et prend une teinte grisâtre, déprimante ; par contre, lorsque quelque chose retient son attention, peu importe quoi, une petite chose, ça peut être la beauté d’une personne, un sourire rayonnant, un chiot lui rappelant un souvenir heureux, la scène recouvre des couleurs éclatantes en même temps que Georges émerge de son apathie pour apprécier l’instant présent.
Georges Falconer se retrouve seul subitement après 16 ans de vie commune avec son amour Jim. Un accident, un stupide accident de voiture lui enlève l’amour de sa vie et il ne parvient plus faire face à l’existence. Chaque jour, tel un automate, il fait bonne figure devant les autres et endosse son rôle de professeur d’université avant de retourner à la solitude et se laisser submerger par les souvenirs de son bonheur passé. Il n’y peut rien, il ne trouve plus goût à rien et ne parvient plus à avancer. Un jour, il décide de mettre fin à sa souffrance en préparant méthodiquement son suicide. Mais il n’avait pas prévu que cette journée lui réserverait tellement de surprises qu’elle ne le laisserait pas si indifférent que cela à la vie.
On assiste à l’évolution d’un personnage complètement brisé par le chagrin et qui ne cesse de sombrer un peu chaque jour à quelqu’un qui prend conscience de tout ce que lui réserve encore l’existence malgré la perte qu’il a subi, malgré son âge, malgré sa différence, il est toujours possible pour lui d’avoir un avenir.
« A few times in my life I’ve had moments of absolute clarity, when for a few brief seconds the silence drowns out the noise and I can feel rather than think, and things seem so sharp. And the world seems so fresh as though it had all just come into existence. I can never make these moments last. I cling to them, but like everything, they fade. I have lived my life on these moments. They pull me back to the present, and I realize that everything is exactly the way it was meant to be. »
Georges est joué par Colin Firth qui nous offre une performance impressionnante (je me demande d’ailleurs pourquoi il n’a pas eu l’Oscar du meilleur acteur pour ce film) en jouant admirablement bien toute la palette d’émotions qui submergent son personnage autour de cette journée décisive.
Je pourrais aussi évoquer la présence de Julianne Moore qui joue Charlotte l’amie fidèle et excentrique de Georges et qui est toute aussi abîmée par la vie que lui parce que, à deux, ils forment un couple d’amis magnifiques, qui font bloc ensemble devant tous les obstacles de leur existence…mais là mon commentaire devient certainement un peu long alors je n’en dis pas plus.
Franchement, si vous ne l’avez pas vu, allez-y ! C’est de toute beauté et la musique qui l’accompagne est toute en douceur. Tenez, pour la peine voici un petit extrait au lieu de la bande annonce :
J’ai choisi cette scène mais il y en a tellement d’autres qui sont aussi classieuses que c’est une raison de plus pour le regarder ou le revoir.