Distribution:
Jonathan Pryce: Sam Lowry
Robert De Niro: Harry Tuttle
Kim Greist: Jill Layton
Katherine Helmond: Ida Lowry .
Ian Richardson: Mr Warrenn
Michael Palin: Jack Lint
Bob Hoskins: Spoor
Ian Holm : Mr Kurtzmann
Terry Gilliam: espion/voyeur
Résumé:
Dans un futur improbable, un monde de béton déshumanisé par une bureaucratie dictatoriale. Sam est un petit archiviste rêveur qui se retrouve embarqué dans une "erreur" d'état. Chargé de la corriger, il découvrira à la fois l'amour et l'horreur de cette société, comment va t il réagir ?
Mais qui dit Oppression dit Résistance, et Sam va t il faire le bon choix ?
mon avis:
Terry Gilliam c'est d'abord l'un des "Monty Python", ces 5 humoristes britanniques célèbres des années 70, à qui l'on doit les cultissimes "Sacré Graal" ou "un poisson nommé Wanda", une fois séparés ils continuèrent leurs élucubrations comme ce Brazil dont rien que le titre est anachronique par rapport à l'univers. Gilliam explique que sa principale source d'inspiration fût "1984", le terrifiant roman de G Orwell qui lui aussi décrit un univers dictatorial, en 1948 c'était tout sauf innocent, il caricaturait à peine l'URSS. Rappelons qu'en 1985, l'URSS et la guerre froide existent encore, donc faire ce genre de film est aussi un acte politique. Il y a l'humour gratuit et absurde, comme dans "Sacré Graal", et il y a l'humour comme support satirique, ça passe tj mieux et le message n'en est que plus puissant, une grande tradition britannique, inventeurs de la caricature.
Gilliam assume ses nombreuses inspirations, il a voulu créer un univers oppressant, tout y est gris, sale et le film est quasiment en noir et blanc, du coup on pense à "Métropolis" , mais au delà de ses références il y a surtout de l'absurde avec ces créations Gilliamesques: ordinateurs à loupe et clavier mécanique, ces automates du petit déjeuner, ce téléphone au combiné rétro ou ces publicités pour des tuyaux, omniprésents, gérés par la société d'état "Central Services".
Le plaidoyer du film est le caractère infernal de la réglementation qui détruit toute échappatoire, les formulaires et règlements interdisant à peu près toute initiative. Mais tlm n'accepte pas cette tyrannie et depuis des années des attentats se produisent, c'est le début du film, il existe donc une résistance, symbolisée par Harry Tuttle, incarné par le brillant Robert de Niro qui a du bien kiffer un rôle inhabituel, loufoque mais néanmoins héroïque. Là où le film est génial c'est que ce courageux terroriste est ... un technicien chauffagiste !! le monde étant à la merci de "Central Service", société qui a le monopole technique de tout ce qui vous entoure: climatisation, chauffage, etc... tous les tuyaux lui appartiennent et impossible d'y toucher, c'est un crime !
Contre jour, brouillard, contre plongée, travelling oppressant, ... toutes les techniques sont utilisées pour nous immerger dans la noirceur de ce monde angoissant.
Le monde est donc à la fois dictatorial par sa bureaucratie mais aussi technologiquement par la société unique, rude critique de l'entreprise d'état où les techniciens sont diaboliquement puissants, mais c'est aussi l'enfer d'une société aliénée à sa technologie, le tuyau étant possiblement Internet et le symbole de chaines high tech de tout poil, bref le symbole de l'aliénation du monde moderne aux "tuyaux"...
Dans cette ambiance grise, monotone, où les films sont anciens, regardés clandestinement, il n'y a pas d'autre choix que l'évasion par le rêve, et Sam ne s'en prive pas, à chaque temps mort il s'envole et devient le chevalier blanc qui va libérer sa princesse, le rêve étant logiquement haut en couleurs. Aussi quand il pense reconnaître la femme de ses rêves il n'aura d'autre but que de la retrouver...
Au final, un film qui fût un événement à sa sortie, qui forcément séduira moins aujourd'hui du fait de son fond sociologique, même si l'aliénation de l'être humain et l'enfer bureaucratique ne sont pas forcément une fiction, en tout cas un film incontournable.