Introduit dans la rubrique "une image, un film", je vous avais promis une entrée sur ce film de 1986 de Leos Carax.
Le synopsis n'a que peu d'importance : On pourrait vous dire s'il s'agit de l'histoire d'un casse raté, ou celle d'une maladie qui emporte les gens qui font l'amour sans amour (en allégorie au Sida). Ce pourrait être l'histoire d'une rupture, ou d'un amour impossible et platonique, à moins que ce ne soit une histoire de gangster. Tout cela est vrai, mais c'est finalement anecdotique.
Mauvais sang, c'est avant tout un cinéaste, sa caméra, des images, et des acteurs.
Denis Lavant tout d'abord, sauvage, félin, hypnotisant, physique, dans ce qui est sans doute son meilleur role.
Mais aussi Michel Piccoli, imposant, et Juliette Binoche, innocente et superbe dans le role d'Anna, sans oublier Julie Delpy qui est d'une fraicheur absolue. Je ne peux faire le tour du casting sans noter aussi la présence de Serge Reggiani et celle surprenante de Hugo Pratt (oui, le père de Corto Maltese), et une apparition du réalisateur lui-même.
Et autour de ces acteurs, Leos Carax fait tourner sa caméra, se permet des plans audacieux, et des effets de style inattendus. La beauté des images n'atteint pas celle de Annette qui m'aura fait découvrir Leos quelques 30 années trop tard, mais la fraicheur de ce film de jeunesse lui confère sans aucun doute son statut de chef d'oeuvre.
Je peux aussi laisser d'autres parler du film mieux que moi, par exemple dans cet épisode de Blow up trouvé en préparant cet article :
ou cet autre (attention, spoiler, car il déroule l'intégralité du film de 8 minutes)