Fidèle à mon habitude, il m'a fallu attendre quelques jours pour être capable de vous parler de ce petit bijou que nous propose Netflix. Il y a certaines œuvres qui méritent d'être digérées pour se faire un avis, de même qu'un bon vin doit être gardé en bouche un moment pour être apprecié.
Déjà, au niveau technique, c'est magnifique. Le stop motion a un charme indéfinissable qui permet parfois de faire passer des émotions plus subtile qu'avec du cinéma ou de l'animation classique. On n'ose imaginer la somme de travail que doit représenter certains plans. Et surtout, le style visuel donne à l'ensemble le coté gothique et noir de ce film.
Car ce film est ambigu. Le sentiment de malaise y est subtil. On est très loin du film d'horreur, ou même du cauchemar. Pour vous donner une idée, si la première histoire aurait pu être écrite par un Edgar Allan Poe, la seconde tire certainement son inspiration de Kafka. Rien de bien méchant en somme.
Non, là, on est plutôt de l'ordre du mauvais rêve embrumé, de celui dans lequel on est englué au petit matin, sans pouvoir se réveiller, quand nos jambes ne nous permettent pas de courir. Pas de hurlement ici, ni de cri. Pas de peur bleue. Au contraire, il y a un charme indéniable dans ces personnages, et même une certaine forme de candeur.
Mais surtout, le personnage central, c'est cette maison. Elle a manifestement une âme. C'est elle qui, à travers ces 3 époques, de façon sous-jacente, nous renvoie à des réflexions profondes sur notre rapport au matériel, sur le sentiment d'appartenance que nous avons sur les choses, sur notre propre logis, mais aussi plus généralement sur notre vie tout entière.
La force de ce film est là, je trouve. Par le biais de 3 histoires toute simples, réussir à poser des embryons au fond de notre conscience, presque à notre insu. Quelle est l'image que nous voulons projeter ? Quel est notre but dans la vie ? Quel est le sens des projets que nous poursuivons ? Quelle est la trace que nous voulons laisser ?
J'ai adoré.