@jool
je ne me suis jamais sentie menacée par les formulations qui ont tendance à mettre le masculin avant le féminin. On peut y voir une marque du patriarcat, certes. Peut-être qu'au début, il y a eu une logique patriarcale, pour mettre en avant l'homme et laisser la femme derrière. Peut-être. Moi, je l'ai simplement intégré, comme la majorité des gens, je crois, comme une règle de grammaire française de base. Parce que, oui, en effet, le français est une langue genrée.
@Kallindra et @Hilda-Van-Holp (que j'interpelle car ma participation pourraient le intéresser).
Et c’est là, je crois, le cœur du problème.
on a une langue qui cherche, en permanence, à définir les gens, les choses, les objets, même les notions abstraites selon le genre. Or, depuis quelques temps, les gens s'interrogent sur le sujet et ça débouche sur des réflexions plutôt profondes qui ne sauraient être résolues en un claquement de doigts.
Personnellement, je fais partie de ceux qui pensent que la façon de penser et de parler peut avoir un impact sur nos façons de penser et nos mentalités, de la même façon que nos façons de penser et nos mentalités vont influer sur notre langage.
le langage inclusif est une chose qui se pratique depuis longtemps en Allemagne et en Autriche (non sans objections, mais les allemands et les autrichiens planchent sur cette mixité depuis plus longtemps que nous).
Des études ont pu mettre en avant le fait que le langage inclusif n’a pas transformé la société d’un coup de baguette magique, mais il modifie la façon dont on imagine les groupes et les rôles. C'est à dire que ça rend les femmes plus « visibles » dans la langue, ce qui influence un peu les mentalités, surtout chez les plus jeunes.
Donc, oui, je pense que si on veut aller dans le sens d'une nation plus inclusive, travailler sur notre lexique et notre grammaire est quelque chose de pertinent.
Par ailleurs, même si on ne se sent pas concerné directement et même si ça nous indiffère, le fait est qu'il y a des personnes que nos habitudes ancestrales blessent. Et, de mon point de vue, simplement par respect pour ces personnes, il me semble intéressant de travailler à une façon de repenser notre langue, pour aller vers un vocabulaire moins genré, plus neutre et, par conséquent, plus inclusif. L'avantage du Celleux et autres néologismes similaires, c'est de rendre clair le fait que l'on s'adresse à tous : hommes, femmes et tous les individus qui ne se reconnaissent ni dans un genre ni dans un autre (rappelons d’ailleurs qu’il existe bel et bien des personnes qui, d’un point de vue biologique, ne peuvent être classées ni dans le sexe masculin ni dans le sexe féminin, et qui éprouvent des difficultés à s’identifier dans un genre ou un autre. Pour elles, le langage peut avoir un effet particulièrement stigmatisant.).