@leo : " ...cette intériorisation créée une fermentation, un alcool rare parce qu'intime, une présence lumineuse parce qu'ombragée... C'est peut-être ainsi, comme retour à une dynamique philosophique passionnelle de l'idée d'un sens, parmi bien d'autres possibles, à donner au monde, en toute conscience de cette relativité, que le christianisme se construit un véritable avenir, non universel, léger, conceptuel, de nouveau gnostique..."
Entièrement d'accord. Seuls, les grands mystiques qui vivent vraiment leur foi au lieu de seulement l'intellectualiser sont capables
de cette relativité en conscience, et ce n'est qu'ainsi qu'ils deviennent de véritables humanistes, aptes à accepter les autres
dans leurs différences.
" Lenoir garde le sacré tout en reprenant la non nécessité du religieux d'une longue tradition qui, en plus d'être spinoziste, est aussi proche d'un certain bouddhisme zen.... redécouverte des fondements chrétiens et bouddhistes dans la sagesse (non réellement déiste) de la quête de connaissance des mages perses... tradition de réflexion et de connaissance pour atteindre à la sagesse est aussi à la base de la philosophie grecque, Pythagore et les autres pré-socratiques se disaient "élèves de Zoroastre"...
Je comprends bien la volonté de Lenoir de 'désacraliser' alors ce sens du sacré en le psychologisant, dans un retour anthropologique à l'étonnement au monde, à la fascination pour la beauté des paysages, des êtres vivants, etc."
Lenoir : le 1er livre que j'ai lu de lui est " le Christ philosophe " :).
Ce que tu dis me rappelle son petit conte," l'Âme du monde " :
" au-delà des divergences culturelles et historiques de leurs traditions respectives, 7 sages s'appuient sur leur expérience personnelle, inspirés par ce que les philosophes de l'Antiquité appellent " l'âme du monde ", la force bienveillante qui maintient l'harmonie de l'univers..."
La religion devait servir à atteindre la sagesse et cet objectif a été perverti pour devenir, comme tu le dis plus loin :
" ce sacré justificateur de l'ordre social...Est désigné comme sacré, par ceux qui en profitent ou espèrent en profiter,
ce qui justifie l'ordre social !"
Mais pour moi, Lenoir ne désacralise pas tout, il remet le sacré à la place qu'il n'aurait jamais dû quitter :
celle de l'étonnement au monde, comme tu le dis si bien.( J'adore t'écouter parler, éhé ).
Un étonnement, un émerveillement même, qui doit imprégner tout l'être : autant le corps que l'esprit et qui va bien au-delà de la systématicité, ce qui évite la sclérose des concepts jusqu'à, chez certains, devenir une idéologie délirante et fanatique.
Il libère le sacré du matérialisme anthropique, pour reprendre tes mots car il a bien compris que l'obligation religieuse formelle
enferme les hommes au lieu de les libérer et de les épanouir.
Tu dis : l'être est bien plus chaotique. Oui, on en revient à Zoroastre qui savait que l'être humain étant composé d'ombre et de lumière, tout l'enjeu consistait à ce que cette ombre soit rendue inoffensive : pour soi, les autres, l'environnement.
On retrouve cette idée dans le symbole de l'archange Michaël terrassant le dragon, le dragon représentant l'ego :
on ne peut et on ne doit pas le détruire, il fait partie intégrante de l'être, juste le terrasser pour l'empêcher de nuire
.
" D'ailleurs si on suit Ayamé...au centre : l'union des 2 dans le visage de Shiva Mahesvara qui irradie une tranquillité sereine.
La transexualité serait un horizon de l'übermensch !!! Mais pourquoi pas !? "
Je dois préciser ma pensée : il n'est nullement question de transexualité dans le triple visage de Shiva.
Chaque humain a en lui les 2 énergies, yang et yin, masculine et féminine, dans des proportions différentes
selon que l'on est homme ou femme.
C'est ainsi que selon les proportions, on en voit certain.e.s qui sont des hommes féminins et des femmes phalliques ;).
Le visage du milieu de Shiva irradie une tranquillité sereine parce qu'il sait faire cohabiter harmonieusement en lui
ces 2 forces qui sont non pas contraires ni contradictoires, mais complémentaires.
Il est le visage de " l'âme du monde ".
Pfff : Léo, tu écris des pavés et du coup, suis obligée de faire de même.
Obligée ? Que nenni, c'est un réel plaisir de discuter avec toi. 
