Interview :
Considérez-vous toujours que la France est le pays le mieux armé pour affronter la pandémie?
Notre plan contre la pandémie a été testé et amélioré, il a été consolidé par la constitution de stocks de médicaments et de masques, et nous disposons de contrats de pré-réservations de vaccins avec plusieurs industriels, ce qui diversifie notre approvisionnement.
Les centres de mise en quarantaine prévus dans le plan Pandémie sont-ils toujours d'actualité ? De même que la traçabilité des voyageurs à leur arrivée en France?
Non: là encore, nous sommes pragmatiques. Notre plan Pandémie avait été élaboré pour faire face au virus, un virus très virulent mais peu contaminant.
N'y a-t-il pas un risque, si les écoles sont fermées, que l'absentéisme féminin aggrave la pénurie de soignants dans les hôpitaux?
On pourrait envisager que les enfants du personnel hospitalier de santé soient pris en charge afin de ne pas pénaliser les effectifs médicaux.
Où en est-on de la vaccination obligatoire?
Cette vaccination proposée à tous nos concitoyens ne sera pas obligatoire, mais conseillée, via une grande campagne d'information. Nous nous préparons à réaliser, si nécessaire, ce qui pourrait être la campagne de vaccination la plus importante dans notre pays.
Où pourra-t-on se faire vacciner?
Nous travaillons activement à la création de centres dédiés. Chaque préfet fera au mieux selon la typologie de son territoire... On ne fera pas les mêmes choix à Paris ou dans les Vosges, par exemple.
Quand espérez-vous les premières livraisons de vaccins? Ceux-ci pourraient-ils être commercialisés en urgence, avant même d'être homologués?
Il y a encore beaucoup d'incertitudes liées au rendement de la souche et au processus de conditionnement du vaccin. Il est probable que les premiers arriveront à la fin du troisième trimestre. Mais je n'envisage pas d'utiliser un vaccin qui n'aurait pas satisfait à toutes les exigences préalables à l'obtention de l'autorisation de mise sur le marché. Et si l'on trouve de tels produits sur Internet, je ne peux que déconseiller aux particuliers de se les procurer.
Le gouvernement n'a-t-il pas eu tort de ne commander que 16 millions de doses à Novartis, laboratoire qui semble le plus avancé dans le développement d'un vaccin?
Nous avons fait des commandes auprès de plusieurs laboratoires qui permettent d'étaler la fourniture des vaccins tout au long de l'automne et de vacciner toute la population. Un certain nombre de pays avaient préempté des vaccins. Nous avions aussi fait des pré-réservations, il y a plusieurs années, qui n'étaient pas fondées sur la nationalité des laboratoires.
Quelles sont les populations prioritaires pour la vaccination?
Les patients porteurs d'infections chroniques respiratoires, notamment.
N'avons-nous pas acheté trop de Tamiflu? Certains malades s'en passent très bien, et il serait même dangereux pour les enfants...
Le Tamiflu, ce n'est pas "la" solution, mais un des éléments de la réponse. Il ne doit pas être pris de façon systématique. Ce médicament est réservé aux cas graves et aux personnes à risque. Nous savons que cette grippe y est sensible, ce qui est une bonne nouvelle: ce n'était pas évident au départ.
Cependant on sait aussi qu'il induit des effets secondaires, c'est la raison pour laquelle il ne faut surtout pas y recourir sans prescription médicale.
Le Tamiflu n'est pas automatique pour soigner a grippe A. Dans un premier temps, du Paracétamol et du sirop pour la toux suffisent.
N'en fait-on pas trop? Le gouvernement n'est-il pas victime du syndrome du sang contaminé?
Je préfère que l'on nous reproche aujourd'hui d'en faire trop plutôt que de nous reprocher dans trois mois de ne pas en avoir fait assez... Il ne s'agit pas d'une opération de communication. Face à ce type de menace, tant que l'on n'est pas préparé au pire, on n'est pas préparé.
- nb : Fin 2009, la France détenait un stock de près de 1,7 milliard de masques. Un chiffre qui, au début de la pandémie due au nouveau coronavirus, était de 117 millions.
L'ex-ministre de la Santé admet toutefois avoir agi "au doigt mouillé" pour la commande des 94 millions doses de vaccins. Elle s'était basée sur l'avis d'experts, qui estimaient que 33% des Français ne se feraient pas vacciner.
Roselyne Bachelot en 2009
lexpress.fr
Et si...