@Trichemire a dit dans Happycratie et la critique du bonheur :
Si c'est une question de volonté personnelle avant toute autre chose, alors c'est considérer que les individus malheureux sont en bonne partie responsables de leur état. C'est assez culpabilisant. Et cela ne permet pas une réflexion sur les causes extérieures.
Oui, une des principales choses qui font tiquer c'est de laisser entendre que le bonheur dépend entièrement de l'individu, que ce serait une simple question de volonté pour atteindre ce Graal et qu'il suffirait donc de se donner quelques coups de pieds au derche pour se sortir d'une situation peu satisfaisante (que ce soit sur le plan personnel, affectif, social ou professionnel). Alors qu'un tel discours ne fait que nier des facteurs importants qui affectent notre existence : l'environnement social, institutionnel, les relations interpersonnelles d'une part ; et le caractère éphémère de ce que l'on appelle "bonheur", d'autre part. En effet, le bonheur n'est pas un état constant, c'est une sensation qui apparaît par moment. On devrait plutôt parler d'atteindre une forme de sérénité qui, elle-même conduit à des états de bonheur au cours de notre existence.
L'autre chose qui fait tiquer, c'est l'idée qu'il existe une forme de bonheur considérée comme légitime et qu'il faut absolument suivre pour être désigné comme heureux. Ce que nous vendent les bouquins de développement personnel et tous les "professionnels" qui baignent dans ce domaine et véhiculent ces idées alakons, c'est en fait une vision de la société qu'ils cherchent au maximum à perpétuer : une société profondément individualiste dans laquelle on nous serine continuellement les mêmes fictions débilitantes de self-made man, d'individus qui, ne se basant que sur leurs seules ressources, ont atteint leurs buts, réussi leur vie et sont considérés comme des modèles à suivre.
Je pense sincèrement qu'il existe plein de façons de vivre sa vie de manière épanouissante et que c'est à nous, au travers de nos expériences et de nos rencontres, de nous rendre compte de ce qui est susceptible de nous correspondre. Et surtout, d'arrêter toute comparaison avec autrui, ça n'apporte jamais rien de concret.
Enfin, la troisième chose qui me fait tiquer, c'est que si on considère qu'il y a une vision légitime et donc plus ou moins institutionnalisée du bonheur, cela signifie que celui-ci pourrait s'apprendre, s'enseigner, être régulé par un système. On sort ainsi du domaine de la liberté individuelle pour entré dans quelque chose de conditionné, de contrôlé. Et ça me pose un léger souci d'éthique, nesspô.
Ah et le bouquin dont parle Trichemire, c'est celui-ci :

C'est une étude menée par une sociologue et un psychologue sur l'évolution de la psychologie positive et qui cherche à comprendre les raisons qui font que celle-ci a pris de plus en plus de place dans notre environnement ces dernières décennies.