Supérieur
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Où, chez qui, de nos jours, est valorisée l'humilité ?
Le grand basculement du 20e siècle, accompagnant la montée de l'individualisme, me paraît être la démocratisation de l'orgueil, ou tout du moins de la nécessité à démontrer sa supériorité.
Dans des sociétés anciennes ou beaucoup des places étaient attribuées presque à la naissance, la supériorité était dévolue de même.
Dans les sociétés modernes, s'impose progressivement l'obligation de se "faire sa place". Même si le jeu de dupe entretenu par les élites pour favoriser ses rejetons est plus hypocrite mais non moins actif...Il faut se vendre, et progressivement en tout : travail, couple, relations éphémères, amitiés, il faut faire montre de sa supériorité sur d'autres, plus intéressant, plus beau, plus travailleuse, plus disponible, plus drôle, plus tatouée, plus volcanique, plus responsable, plus engagée, etc.
Les sujets sur le racisme me font penser aussi à cela. Le racisme est un sentiment de supériorité, ancien, toujours socialisé, ethnicisé. La victimisation en son envers m'y fait également songer, en particulier dans la compétition victimaire qui est devenu un sport : Etre plus persécuté, plus souffrante, plus méritant, plus fragile, etc.
Chacun, chacune, se définit le plus souvent par ses supériorités sur d'autres.
Les surdoués avaient déjà eu leur côte, mais, dorénavant, modernisés, il y a les hpi (haut potentiel intellectuel), souvent Asperger, mais version light, super cool dans un certain imaginaire glamourisé du génie incompris avec un côté marginal médicalisé, donc victimaire qui plus est (la totale).
Pensez-vous que cette extension du travail de supériorité existe bien ? Pour quels effets, actuels et à venir ?
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@leo : cette valorisation de la supériorité, induite en favorisant l'esprit de compétition, est pour moi
une abomination. Nous avons tous des points forts et des points faibles, et c'est bien en les associant
qu'on crée une société qui tourne rond.
Alors, au lieu de supériorité, on aurait tout à gagner de voir les choses en termes de complémentarité.
Tu te souviens de ce que l'on disait avant ? L'homme devait être fort et courageux, et pour la femme :
c'était : sois belle et tais-toi !
Etaient donc considérés comme inférieurs les hommes peu virils et les femmes trop ordinaires.
Cette " extension du travail de supériorité existe " bel et bien, soi-disant pour favoriser l'émulation,
la compétitivité et de là, la sacro-sainte rentabilité !
Mais l'effet pervers de la chose, c'est que cela mène à de plus en plus de paupérisation et ceux
qui ne sont pas en haut du panier se retrouvent écrasés dans le fond.
A quoi fait penser le fond ? A la lie, ce dépôt peu ragoûtant au fond des bouteilles que l'on met de côté.
S'ajoute donc la souffrance psychologique d'être vu comme un rebut, au mieux : de devenir transparent aux yeux des autres. -
@ayamé sur ce dernier point je me permet de te répondre la lie, le fond du panier si tu permets, se porte pas si mal que cela en faite parfois .J ai eu a croiser en deux ans des gens en grande difficulté financière affective et sociale dont je soupçonnaistous juste l existence.........
J avais un regard tout autre avant et je me suis rendue compte qu ils étaient peut-être plus heureux que moi vivant au jour le jour . -
@heidi a dit dans Supérieur :
la lie, le fond du panier si tu permets, se porte pas si mal que cela
On ne peut nier que pour la majorité des gens paupérisés, je dis bien la majorité donc pas tous,
la vie est un douloureux combat de tous les jours.
Tu dis : " je me suis rendue compte qu ils étaient peut-être plus heureux que moi vivant au jour le jour ".
Peut-être, comme tu dis, mais peut-être pas, car certains par dignité savent bien cacher leur misère.
Quand j'emploie le mot lie, c'est pour définir le regard que bien des nantis portent sur ceux qui ne le sont pas.
Un exemple : regarde quand les gens donnent une pièce à un SDF, combien le font, quand ils le font,
sans même lui accorder un regard et mieux, un sourire et quelques mots ?
. Tu ne peux nier non plus que dans l'univers professionnel, certains savent très bien jouer des coudes
pour se faire une meilleure place. Je cite @leo :
" Dans les sociétés modernes, s'impose progressivement l'obligation de se "faire sa place".
. Dans le couple, bien des femmes souffrent d'être mal considérées quand elles sont femmes au foyer.
Ce n'est pas un hasard si des mouvements sociaux ont émergé pour faire reconnaître socialement leur statut.
https://information.tv5monde.com/terriennes/greve-des-femmes-en-suisse-un-salaire-pour-les-femmes-au-foyer-301806 .
Un extrait : " Un manque de reconnaissance qui peut entraîner des souffrances.
"Quand on me demandait ce que je faisais et que je répondais mère au foyer, en face, on éludait
et on passait à mon mari. C’était une négation de ce que j’étais en tant qu’individu."
Dévalorisées, combien de ces personnes finissent par croire qu'elles sont inférieures et souffrent
d'être à peine vues voire transparentes.
Ne te méprends pas : je ne dis pas que c'est le cas pour tous mais pour beaucoup.