Le dernier bouc émissaire
Dieu n’a pas tué David mais son fils adultérin ; or la sentence de la loi, c'est le fautif meurt, pas son fils. c'est un passage super intéressant à l’éclairage du nouveau testament : chaque faute se paye au prix d'un innocent précieux dans la vie réelle, la victime réelle de l'offense faite, la violée, le volé, le tué et j'en passe. Ce n'est pas juste et il faut le comprendre ...
mais comment rendre alors la justice ?
La loi ne ressuscite pas les morts, n’efface pas le souvenir du viol et peut à peine restituer la valeur de l'objet volé, mais pas sa valeur sentimentale. Jusqu'au Christ, Dieu a rendu justice de façon symbolique. Les taureaux et autres pigeons n’avaient rien à voir avec l'offense ; ils étaient innocents et précieux pour Dieu par contre, et donc Dieu payait la faute des hommes sur sa création, à tel point qu'on appelle holocauste un massacre immense ; et il a mis fin à ce massacre en sacrifiant son propre fils.
Depuis, c'est fini le massacre : ce que Dieu demande, c'est d'aimer Dieu et son prochain ; et visiblement, ce n'est pas compris. On ne condamne plus, on ne paye plus ses fautes avec de l’innocence. On apprend à aimer, pardonner, absoudre. Sinon on se condamne en condamnant, alors qu'on s’absout en absolvant, on se pardonne en pardonnant, on s'aime en aimant. Le message biblique du Nouveau Testament pour les nuls version Guy Lee.
La notion de bouc émissaire biblique est de René Girard, passionnant à lire, mais hélas il est mort en 2017 de mémoire .
Donc cours de rattrapage pour ceux qui ne l'ont pas lu.
de René Girard
« Pour sortir de la violence, il faut, de toute évidence, renoncer à l'idée de rétribution ; il faut donc renoncer aux conduites qui ont toujours paru naturelles et légitimes. Il nous semble juste, par exemple, de répondre aux bons procédés par de bons procédés et aux mauvais par de mauvais, mais cela, c'est ce que toutes les communautés de la planète ont toujours fait, avec les résultats que l'on sait... Les hommes s'imaginent que pour échapper à la violence, il leur suffit de renoncer à toute initiative violente, mais comme cette initiative, personne ne croit jamais la prendre, comme toute violence a un caractère mimétique, et résulte ou croit résulter d'une première violence qu'elle renvoie à son point de départ, ce renoncement-là n'est qu'une apparence et ne peut rien changer à quoi que ce soit. La violence se perçoit toujours comme légitime représaille. C'est donc au droit de représailles qu'il faut renoncer et même à ce qui passe, dans bien des cas, pour légitime défense. Puisque la violence est mimétique, puisque personne ne se sent jamais responsable de son premier jaillissement, seul un renoncement inconditionnel peut aboutir au résultat souhaité : Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quel gré vous en saura-t-on ? Même les pécheurs en font autant. Et si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir, quel gré vous en saura-t-on ? Même les pécheurs prêtent à des pécheurs pour en recevoir l'équivalent. Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien attendre en retour. »
Des choses cachées depuis la fondation du monde, éd. Grasset, pp.221-222.
allons y
Le dernier bouc émissaire c'est Jésus bien sûr, le dernier et le plus grand innocent insulté, méprisé, persécuté et finalement tué, accepté par Dieu. Mais Dieu n’approuve pas son meurtre. Il a dit basta, on change les règles : plus de bouc émissaire, plus d’holocauste sur la création, humains ou animaux ; fin du ministère glorieux de la condamnation. Trop, c'est trop, et c'est dit en parabole. Le coup d'envoyer les émissaires, puis le fils du seigneur qui se fait tuer ; je ne sais plus le nom de la parabole : la fin est la vengeance du Seigneur sur les intendants, pas sur les non chrétiens, sur les dirigeants religieux et le peuple qui les suivent, la disgrâce des juifs pour la grâce des élus.
Et que faisons nous ? Et bien nous voulons appliquer la loi, donc des sacrifices d’innocents. Pour nous ce sont les femmes, les homos, vous-mêmes, bref les pécheurs graciés, donc plus coupables car, gracié, on est justifié, donc innocent. Vous demandez à des innocents d’arrêter d’être coupables ; vous vous demandez à vous-mêmes d’arrêter d’être pécheurs et vous le demandez aux autres.
Dieu gracie, vous condamnez...
Dieu vous dit d'aimer, vous, vous dites oui, mais aimer ce n'est pas aimer ...c'est avec la justice sans sensiblerie, de façon absolue, et autres intellectualisations de l'amour, alors que l'amour vient du cœur pas de la tête.
Mais, me direz-vous : Dieu dit « repentez-vous » C’est exact. Il dit de changer de voie ; mais à qui le dit-il ? Aux Juifs, d'abord, et ensuite aux Grecs, à vous et aux autres.
Quel est le changement de voie du Juif ? Passer de la loi de Moïse à celle du Christ, du ministère de la condamnation au ministère de la justice.
La justice de Dieu c'est aimer, car il n’y a pas de loi contre cela, mais surtout cela ne sacrifie plus d’innocent. Celui qui aime a accompli la loi : plus d'injustice et dans le mal, les délits et crime ...mais aussi plus d'injustice dans la justice. Plus de sacrifice d’innocent pour réparer l'offense. Au contraire : de l'amour, du pardon, de l'absolution, contre de l'amour, du pardon, de l'absolution. C'est ça, la justice divine, du moins depuis le Christ, depuis qu'on doit changer de voie.
Vous accusez les autres, mais c'est fini la condamnation : on aime, on pardonne, on absout. C'est ce que fait Dieu avec vous, c'est ce que vous ne faites pas avec les autres.
Le dernier bouc émissaire accepté par Dieu, c'est Jésus ... pas moi, pas vous, pas les autres.
Tu veux un monde meilleur, plus fraternel, plus juste ? Eh bien commence à le faire : qui t’en empêche ? Fais-le en toi et autour de toi, fais-le avec ceux qui le veulent. Fais-le en petit, et il grandira." Carl G. Jung