Le Crépuscule et l’Aube
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J'ai découvert les romans historiques de Ken Follett, il y a 30 ans avec les Piliers de la Terre, qui racontent l'histoire des bâtisseurs de cathédrales au XIIème siècle.
Il en a fait une suite 19 ans après avec "un monde sans fin", mêmes lieux mais deux siècles plus tard et puis "une colonne de feu", toujours mêmes lieux, mais au XVIème siècle.
Le crépuscule et l'aube s'inscrit toujours dans les mêmes lieux mais au Xème siècle, et nous explique la création de la ville de King's Bridge (de son premier nom Dreng's Ferry) , ville qu'on retrouve dans la trilogie que j'ai citée ci-dessus.
J'ai commencé cette lecture avec impatience, fan que je suis des romans historiques de Ken Follett, toujours bien documentés (l'auteur s'entoure d'historiens pour raconter ses histoires) et j'ai retrouvé avec plaisir son écriture. L'histoire se laisse lire facilement et j'ai fini les 850 pages en moins de deux jours.
L'histoire se situe donc en 997, dans le Sud de l'Angleterre : le pays est christianisé depuis 3 siècles mais affronte de façon régulière les invasions et pillages des vikings.
Le port de Combe est pillé par les Vikings et la famille d'Edgar, le jeune constructeur de bateaux, est obligée de chercher la fortune dans un hameau paumé de Dreng's Ferry, où il est difficile de cultiver et de vivre, même si la bière y est plutôt bonne. Ils n'ont plus rien et on les laisse vivre dans une ferme délabrée sur une terre inondable, sablonneuse , peu riche. La polygamie, la maltraitance des esclaves et le dur travail pour subsister sont le pain quotidien de ce village. Les moeurs dans le petit monastère local sont très relâchées, et la loi du plus fort règne.
En même temps, on va suivre la vie de Ragna, l'unique fille du noble comte de Cherbourg, qui tombe sous le charme de l'ealdorman Wilwulf, et va quitter la Normandie pour se marier en Angleterre.
Ces deux personnages vont devoir s'adapter à leur nouvelle vie et on suit leurs efforts pour y arriver. Les personnages secondaires ne sont pas sans intérêt : le jeune moine Aldred qui rêve de créer un centre de savoir, l'évêque Wynstan pétri d'ambition, ou le sheriff Den, le seul représentant du pouvoir royal sur place.
Certains épisodes tiennent le lecteur en haleine, comme la découverte de la création de fausse-monnaie, l'incendie du pont, le meurtre de l'ealdorman ou l'enlèvement de Ragna.Toutefois, j'ai été un peu déçue par ce roman : je m'attendais à avoir davantage d'actions avec les vikings, (mais l'auteur reconnaît lui-même qu'il reste peu de traces historiques de cette époque, les édifices de l'époque étant en bois) et c'est la romance qui prend le dessus sur l'Histoire. Et les méchants : l'évêque Wynstan et l'ealdorman Wilgem, perdent à un moment de façon trop rapide leur pouvoir maléfique.
Ceci dit, je reste toujours stupéfaite des méfaits et des turpitudes des hommes d'église, tout au long de l'histoire, surtout lorsqu'ils sont proches du pouvoir !
Donc un bon livre, mais peut mieux faire !
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J'ai eu exactement la même réflexion que toi, où sont nos Vikings? Ceci dit, cela se lit bien, toujours autant de plaisir à suivre le développement de cette ville, les liens entre les livres, les personnages sont intéressants. Comme toi, j'ai trouvé que le dénouement est rapide, un peu facile par rapport à tous les déboires vécus pendant toute l'histoire. On y trouve aussi un grand intérêt documentaire, une époque passionnante. D'autres idées de lecture? Bonne journée !
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Ce fil fait résonance à celui sur les rois maudits, puisque nous y parlions aussi un peu de Follett, par référence.
Et j'exposais ce même ressenti sur les situations des personnages trop poussives, un peu forcées, surtout lorsqu'on a lu les précédents... Car c'est beaucoup en pensant à ce dernier opus (le premier dans l'ordre chronologique finalement), que je faisais cette critique.
Et puisque apparemment, on peut divulgacher dans ces fils spécialisés, je trouve la relation entre Ragna et son bâtisseur un peu cousu de fils blancs (enfin blanc boueux, sale, vu ce qui lui arrive à elle) Et puis, là encore, les caricatures : lui large d'épaule et génie (tendance hpi à la mode depuis les années 2000), elle, belle parmi les belles, sculpturale, d'un intelligence politique, limite manipulatrice quand cela est nécessaire (à l'histoire et l'auteur plus qu'à la crédibilité...).
Le méchant nb 1 qui finit punit par lui-même, là comme d'habitude chez un Ken Follett décidément très adepte de la punition divine en filigrane pour un athée... Ah culture chrétienne quand tu nous tiens !
Lourdeur encore que la re-capture de l'esclave du tavernier, pour appuyer son ignominie déjà bien manichéenne.Au final, la mécanique de l'auteur revient, un peu comme une recette ou les ingrédients changent plus de couleur que de qualité ou de quantité... Ça a ce goût de : je ne suis pas sûr d'y revenir, même pour le plaisir un peu casanier du terrain connu !