Sorti le 31 mai 2023 en salles, L'Île Rouge est le nouveau film de Robin Campillo, notamment réalisateur de 120 Battements par Minutes qui avait reçu le César du Meilleur Film 2018. Robin Campillo voulait que le film soit sélectionné en compétition au Festival de Cannes et c'est pourquoi le film est sorti juste après le Festival, mais il n'est finalement pas allé sur la Croisette, même dans une sélection parallèle. Il n'est pas sorti la bonne semaine, parce qu'en général juste après Cannes, les gens s'en fichent un peu des films, et surtout il avait un concurrent de taille, Spider-Man : Across the Spider-Verse. J'ai décidé d'aller le voir parce que j'avais repéré la bande-annonce en salles, qui m'avait vraiment donné envie. Voici la (très belle) affiche :
affiche

Synopsis Début des années 70, sur une base de l’armée française à Madagascar, les militaires et leurs familles vivent les dernières illusions du colonialisme.
Bien que le film n'ait pas reçu un accueil ultra-favorable, j'ai été vraiment séduit par ce film. Robin Campillo s'inspire de son enfance à Madagascar, et il filme ainsi l'histoire à hauteur d'enfant. C'est une vie assez paradisiaque qui est filmée là, j'ai été vraiment séduit par le travail sur la photographie qui est vraiment magnifique. Le film est très sensuel dans le sens où il rend parfaitement bien les textures, les peaux, la lumière, les sons, il crée vraiment un univers sensoriel unique et à travers des analogies visuelles poétiques, il transmet l'imaginaire du personnage principal. D'ailleurs on a des séquences qui racontent les aventures de Fantômette, personnage de la Bibliothèque Rose et idole de l'enfant, qui sont très drôles car elles décrivent une France métropolitaine fantasmée.
L'intelligence et l'intérêt du film est de faire craqueler doucement et lentement, mais sûrement, cette image paradisiaque, pour montrer, de manière très subtile, à travers des évènements très distincts et parfois très discrets, l'emprise des colons sur cette île, qu'ils ne veulent pas lâcher. C'est ainsi deux choses que va raconter ce film :

La naissance d'un regard de cinéma, celui de l'enfant qui comprend et saisit des choses invisibles aux autres La libération progressive d'une colonie, à travers d'abord la vision paradisiaque et idyllique que les colons en ont et qu'ils vont devoir quitter puis, dans un final surprenant et très intéressant et audacieux thématiquement, celui des colonisés.

C'est comme un long retour à la réalité, un long réveil qui est filmé. Il faut souligner aussi la magnifique prestation de Nadia Tereszkiewicz, qui est parfaitement douce et très subtile dans le rôle de la mère du personnage principal. Bref, un petit coup de coeur, en espérant que ça donne envie de le voir.

Si vous l'avez vu, qu'en pensez vous ?