L'Éléphant bleu
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Heureusement que je ne suis pas influençable en lisant certaines critiques sur Babélio !
Par ailleurs, j'avais déjà lu l'un de ses romans, " La fille du ciel " pour savoir que j'aime son écriture.
J'aime sa plume légère capable de décrire sans dolorisme les choses douloureuses de la vie et sans fausse pudeur celles du sexe : elle emploie parfois des expressions croustillantes pour les décrire. Oui, elle s'autorise à parler comme un homme, pourquoi, y a t-il un vocabulaire réservé à chaque sexe ?
Dans ses romans, elle parle d'amour aussi, mais sans concession parce qu'il ne faut pas taire l'amour qui blesse et qui salit : il existe et il fait mal. ( Elle n'a rien retenu des contes de fées et de princesses de son enfance et c'est tant mieux ) .
Alors oui, cela peut en déranger certains.
Dans ce roman, on ne peut que s'attacher au personnage principal, Sirikit, une jeune fille qui raconte son enfance en Thaïlande puis ses 17-18 ans à Londres.
" YL nous fait découvrir Londres des années 70, avec ses excès, ses exentricités et ses personnages hauts en couleurs.
Sirikit croise le destin d'hommes et de femmes qui transpirent le mal être ".
Ce livre n'est en aucun cas triste et se finit bien .Quelques citations extraites du livre qui ne spoilent rien de ses aventures :
" J'ai coupé les ponts avec ma famille. Plus rien ne me lie à personne. Ivresse de l'inconnu. Impression de naître pour la seconde fois, de me trouver tout nue devant mon destin comme dans ce drôle de cauchemar que je faisais petite fille ".
" Je découvre que le racisme, c'est un peu comme les boutons, ça ne râte jamais l'occasion de faire éruption. Il suffit d'une indisposition ".
" La sculpture est la démonstration éloquente de cette violente pulsion animale qui caractérise le désir humain, poursuit-il en la parodiant grossièrement ( contexte : une journaliste qui le gonfle ), l'Anti-Cérébral, chère madame, la création pure, le contact direct avec la matière, l'éjaculation perpétuelle à l'état brut, à la différence de ces intellos, de ces scribouillards honteux qui s'asticotent frénétiquement le gros cervelet en camouflant leur libido congestionnée derrière les mots, oui des mots et même pas des gros ".
Livre trouvé dans la boîre à livres de mon village : couverture abîmée, mais toutes les pages sont nickel.
PS : pourquoi l'éléphant bleu ? Parce qu'il représente en Thaïlande celui qui se sent différent, inadapté ou inadaptable, et de ce fait se démarque du reste du troupeau.
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Même si ce livre ne suscite guère d'intérêt ici, je rajoute un extrait qui m'a fait sourire, sur les Français vus par le regard de Sirikit habituée aux Anglais depuis qu'elle vit à Londres :
Ils passent leur temps à draguer et lorsqu'ils ne cavalent pas après les filles, ils courent tout de même après on ne sait quoi, comme s'ils craignaient d'avoir laissé l'eau de leur bain couler.
Adieu esprit civique, humour, tolérance et flegme britanniques et bonjour les grandes gueules. Ici on resquille, on fanfaronne, on critique, on rouspète. Ce n'est pas du veau bouilli mais du steak saignant que les Français ont dans la tête.
Vous intellectualisez et politisez tout, et c'est un comportement auquel les Anglais ne m'ont pas habituée, même à l'université. Mais le plus curieux dans tout ça, c'est que vous avez beau claironner haut et fort votre individualisme, vous ne respectez guère l'indépendance de votre voisin. Vous, cartésiens ? My ass ( mon cul ) !Cela me rappelle ce que Minsky m'a dit la veille du départ : " en France, tu verras, on ne juge les gens que sur leur apparence. Les Anglais, eux, sont plus vicieux, ils te jugent sur ton accent qui révèle ton éducation et ta naissance. Quant aux Américains, c'est autre-chose, ils ne t'apprécient qu'en fonction de l'argent que tu gagnes ".
Alors, clichés ou pas ?
Et enfin, les dernières phrases du livre :
....puis j'ai souri. Ni triste, ni gaie. Juste un peu surprise. C'est vrai qu'il y a de la joie. Il y aura toujours de la joie. Malgré tout. Il y aura toujours cette impatience à mordre la vie...Merci Minsky, grâce à toi, j'ai peut-être grandi. -
@ayamé pas mal la description des Français
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@icescream : oui, ça m'a fait rire, je me suis en partie reconnue dans la description .