Les Animaux dénaturés
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Ce roman écrit par Vercors et publié en 1952 pose la question du propre de l'homme. La BD qui en est issue a été publiée en août 2022.
Résumé de la BD : 1947... Un journaliste godiche participe à la découverte d'une nouvelle espèce tenant autant de l'Homme que des grands singes. Douglas Templemore prendra tous les risques pour déterminer si les « Manus » sont humains et les protéger de la sauvagerie de leurs cousins Homo sapiens... Hélène Bruller et Joseph Falzon réinventent en comédie - entre Indiana Jones et les Monty Python - un roman culte de Vercors.
Elle n'en reste pas moins fidèle au roman.Résumé du livre : En Nouvelle-Guinée, une équipe de savants auxquels s’est joint le journaliste Douglas Templemore cherche le fameux « chaînon manquant » dans l’évolution du singe à l’homme. En fait de fossile, ils trouvent une colonie bien vivante. Une colonie de quadrumanes, donc de singes. Mais a-t-on jamais vu des singes troglodytes ? Enterrant leurs morts ? Tandis que les hommes de science s’interrogent sur la nature de leurs « tropis », un homme d’affaires voit en eux une potentielle main-d’œuvre à bon marché. La seule parade aux noirs desseins du sieur Vancruysen est de prouver l’humanité des tropis. Raisonner en zoologues plutôt qu’en paléontologues ne résout qu’à demi le problème mais offre à Doug Templemore un moyen d’obtenir la preuve nécessaire. Ce qui l’amène à risquer sa tête pour notre plus vif divertissement, et notre édification, car sous le rire de cette satire allègre se pose la grave question de ce que nous sommes, nous les « personnes humaines », animaux dénaturés.
La question cruciale se pose : dans quel camp la classer, celle des hommes ou celle des singes vu que ces hominidés ont des caractéristiques des deux ? Et d'abord, qu'est-ce qui définit l'homme et le différencie du singe ?
Et celle d'un homme d'affaire qui aimerait bien les exploiter pour en faire une main d'oeuvre bon marché si on arrive à ne pas les cataloguer humains. ( En-tête du livre : " Tous nos malheurs proviennent de ce que les hommes ne savent pas ce qu'ils sont et ne s'accordent pas sur ce qu'ils veulent être ").
J'ai beaucoup aimé cette BD que j'ai dévorée hier soir ( j'ai lu le roman dans ma jeunesse et l'ai retrouvé dans le grenier chez mon père ) parce qu'elle traite d'un sujet métaphysique mais sans se vouloir intello, elle veut rester légère et distrayante.
Il y a aussi derrière la recherche d'identification : intrigue, suspense, science-fiction, humour, amour, un peu seulement, et non, pas de sexe et on en vient à la conclusion que finalement les animaux dénaturés, ce ne sont pas eux, mais nous dans notre évolution qui nous éloigne tellement de la Nature que nous pervertissons sans complexe avec cette tendance mortifère à vouloir dominer et asservir. -
Pour ne pas surcharger mon 1er post, j'en ouvre un 2e juste pour mettre deux extraits du livre qui ne spoilent pas l'histoire.
P 229 : " Au fond, nous vivons de tabous comme les sauvages. Il faut, il ne faut pas. Rien jamais de nos exigences ou de nos interdits n'est fondé sur une base irréductible...Des interdits non fondés, qu'est-ce que c'est sinon des tabous ?
Les sauvages croient tout aussi fermement à la légitimité, à la nécessité de leurs tabous que nous croyons à celles des nôtres.
La seule différence, c'est que les nôtres, nous les avons perfectionnés. Nous leur avons trouvé des causes non plus magiques ou totémiques, mais philosophiques ou religieuses....
Je veux bien que dans l'ensemble ce soient de bons tabous. De très utiles tabous, assurément. Indispensables à la vie sociale.
Mais alors, au nom de quoi juger la vie sociale ? Non seulement la forme qu'elle a ou celle qu'elle peut prendre, mais si elle est bonne en soi ou simplement nécessaire à autre-chose qu'elle-même ; à qui, à quoi ? C'est aussi un tabou, rien de plus....P 231 : " ...à quoi bon morale ou vertu si nous n'avions à endiguer et à vaincre ce que la puissante nature propose à notre faiblesse ? Oui, tous nos tabous, leur base est l'antinature...N'y aurait-il pas là une lueur ? ...La question est peut-être : les tropis ont-ils des tabous ? "
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@ayamé le sujet est du livre est intéressant ! le style n'a pas trop vieilli ?
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@icescream Je me posais la même question mais plus sur le message, la vision de l'homme qui pourrait être vieillotte. Mais ça n'a pas l'air d'être le cas.
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@icescream : perso, je ne trouve pas que le sujet ait vieilli car n'oublions pas qu'il nous manque toujours le fameux chaînon manquant, même si l'on sait que les primates se sont séparés en 2 branches, l'une donnant les grands singes et l'autre les hominidés. Peut-être la raison pour laquelle les auteurs ont décidé de faire une bd à partir du roman en 2022.
@Mai-Tai : à prime abord, la vision de l'homme peut sembler vieillotte, mais les extraits que j'ai mis, pour moi, montrent qu'il n'en est rien. Malgré les évolutions technologiques, les humains ont toujours des peurs irrationnelles, des tabous, des croyances, une violence animale, des luttes pour le pouvoir, le territoire et le profit personnel.
Notre cerveau reptilien n'a pas disparu, même si nos hémisphères ont grossi. -
@ayamé a dit dans Les Animaux Dénaturés :
@icescream : perso, je ne trouve pas que le sujet ait vieilli
ma question était sur le style d'écriture pas sur le sujet
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@icescream : ah pardon, ok : non, l'écriture n'a rien de vieillot, elle est bien actuelle par rapport à celle des 18e et 19e siècles.