Je viens de me prendre l'une des plus grosses claques que j'ai jamais prises. Ce film est une telle réussite, je n'arrive pas à mettre mes idées en ordre...
Tout dans ce film est à un niveau rarement atteint : l'écriture est d'une telle intelligence, d'une telle cruauté... La mise en scène de Martin Scorsese (dont c'est le premier film que je vois, oui j'ai du retard à rattraper) est éblouissante, les plans et la photographie sont magnifiques, les mouvements de caméra et le montage sont admirables... Robert de Niro interprète son personnage à la perfection, mais l'interprétation de Jodie Foster m'a estomaqué, à un si jeune âge et pour son premier film. Et j'avais oublié à quel point Bernard Hermann était un grand compositeur, ses thèmes jazzy et cool accompagnent le film avec une ironie glaçante, et rentrent durablement dans la tête.
Un grand film sur une Amérique gangrénée par la violence et la pauvreté, filmée comme un enfer sans issue. Rarement un univers n'aura été filmé de façon aussi radicale, rarement aurait-je senti autant de dégoût et de malaise. On nous met dans la peau de Travis Bickle, qui est le personnage le plus horrifié et le plus désabusé de tous, sans doute parce qu'il est paradoxalement le plus malade. Sa quête de justice violente et absurde n'est en réalité nourrie que par des désirs et traumatismes morbides. La fin est d'une ironie terrible, un faux happy-end qui nous emmène au plus profond des enfers. Brillant.