La musique séfarade
-
Y a-t-il des juifs dans la salle? si oui, vous pouvez rester comme disait Desproges, même si vous êtes Ashkénazes.
Bonjour,
Je vous ai promis dans ma présentation de faire des sujets sur la musique du monde, eh bien je commence par celle qui me touche de près, la musique séfarade, parce que la culture judéo maghrébine est une partie intégrante de notre culture.
Si je vous demande qui sont les séfarades vous me répondrez que se sont les juifs expulsés de l'Espagne vers la fin du 15e, et vous avez raison, mais il ne faut pas oublier qu'une majorité d'entre eux sont des Africains de souche, issus de tribus berbères judaïsées depuis l’Antiquité. Si le terme désigne généralement les communautés juives du monde arabo-musulman, maghrébins comme ottomans, la musique séfarade reste un héritage judéo espagnole lié à l'héritage arabo espagnol, et conservé de la même manière, essentiellement par transmission orale.
Cet héritage a été "exposées aux nombreuses influences des pays traversés et des terres d’accueil jusqu'à devenir une mosaïque où le sacré cohabite avec le profane, les thèmes juifs avec les non-juifs, l'orient avec l'occident."
Ce que je trouve formidable c'est qu'il existe aujourd'hui une génération de jeunes artistes qui donnent au répertoire traditionnel un nouveau souffle, surtout après les efforts de nombreux chercheurs qui se sont penchés sur le patrimoine séfarade, parmi eux Judith Cohen, ethnomusicologue, chanteuse, interprète d'instruments médiévaux et d'instruments folkloriques traditionnels, la voilà en 2010 dans le récital de musique traditionnelle, c'est la vieille femme en noir.
Parmi les projets de renouveau de la musique séfarade, il y a Al Andaluz Project ,une collaboration entre des musiciens d'origines différentes, ils se représentent ainsi sur leur site web :
...les trois cultures décisives du Moyen Âge: les religions musulmane, juive et chrétienne, sont symbolisées à travers les origines des chanteurs Mara Aranda (Espagne), Iman Kandoussi (Maroc) et Sigrid Hausen (Allemagne). L'envergure culturelle de ces trois religions, encore aujourd'hui, n'a jamais perdu sa fascination et son actualité... -
Une autre chanson d'Al Andaluz Project, avec la marocaine Iman Kandoussi qui chante en arabe.
Dezilde a mi Amor -
@riad Vive la musique, elle parle aux coeurs
-
@delnis
Oui, et elle rassemble ce que la politique et l'idéologie séparent. -
@riad et les religions , qui rassemblent leurs communautés mais érigent des murs entre elles, qqs notes de musiques les traversent ♫ ♪
-
@delnis Oui tout à fait.
Amina Alaoui est une chanteuse marocaine née à Fes en 1964, Elle chante en arabe, persan classique, haketia, espagnol et portugais.
Issue "d'une famille aristocratique. Elle apprend à jouer du piano et est initiée à la musique classique occidentale par le chef d'orchestre Mohamed Abou Drar. Elle est également élève du conservatoire national de musique et de danse de Rabat de 1979 à 1981 avec les professeurs Ahmed Aydoun et Mohammed Ouassini. Elle étudie la danse moderne avec Marie-Odile Loakira et la danse classique avec Vera Likatchova.
Durant ses études à Grenade, Amina Alaoui effectue un travail de recherche sur les traditions musicales du Moyen-Orient et se spécialise en musique arabo-andalouse et plus spécifiquement la musique gharnati (de Grenade). En 1986, elle s'installe à Paris et continue son étude de la musique gharnati avec Rachid Guerbas et Ahmed Piro. Elle s'initie également au chant médiéval avec Henri Agnel et à la musique traditionnelle persane avec Djalal Akhbari." (wikipedia)
Ici elle interprète la chanson séfarade Hija Mia :
-
Riad
On se connaît que depuis hier et je t’aime déjà.
Merci pour les voyages offerts par tes propositions musicales.
Je vais créer une nouvelle playlist pour ma voiture Tapis Volant -
@allezsavoir idem
-
@allezsavoir @Delnis
Merci, c'est réciproque, je me sens déjà à l'aise sur ce forum. -
Connaissez-vous les sept manières de cuisiner l'aubergine? si non j'ai une chanson séfarade là-dessus, Siete Modos de Guisar la Berenjena
Et voici les paroles en français :
De sept modes de préparations
se prépare l’aubergine
La première qui la prépare
est la grand-mère d’Hélène
Elle fait des petites bouchées
et la sert au souper
Ce plat elles l’appellent :
plat d’aubergine.Mon oncle Cesari
à qui il plaisait de boire du vin
avec le vin, vin, vin
cela lui alla bel et bien.La deuxième qui la prépare
est la femme du Samas
elle la creuse en dedans
la remplit de riz sauté
Ce plat elle l’appelle :
plat de Dolmá.La troisième qui la prépare
c’est la cousine Esther de Chioti,
elle la creuse en dedans
elle la remplit de riz sauté
Ce plat s’appelle :
le plat d’almondrotiL’alburnia est savoureuse
en couleur et en goût,
viens, nous ferons un repas
nous nous réjouirons les deux
avant que ne sorte le vers
et qu’il enlève la saveur.La salade maljasana ,
est abondante et savoureuse
ma voisine la prépare
avec beaucoup d’huile d’olive
Ces plats accompagnent
les restes de poules.Sur les tables des fêtes
le jandrajo brille toujours
Nous en faisons de petits gâteaux
ils refroidissent dans les plats
en attendant d’être servis
avec des œufs durs.La septième façon qui la prépare est meilleure et la plus délicieuse,
Filisti, la fille de la voisine, la prépare
et elle la met dans le four principal à la cuisine
avec de l’huile et du poivron et elle l’appelle une meyina
-
@riad je ne verrai plus jamais l'aubergine comme un légume
sinon tu connais Loreena ? elle aussi melange toutes les cultures
-
@delnis
Non je la connaissais pas, mais j'ai adoré, je suis en train de lire sa page wikipedia.
Merci. -
@riad : le langage de la musique est universel. Merci pour cette petite piqûre de rappel. Le partage est sublime
-
A vrai dire dans tous les styles musicaux maghrébines, il est difficile de distinguer entre chanteurs musulmans et chanteur juifs, Botbol et Rymonde El Bidaouia sont des juifs qui ont envahi les cœurs des Marocains de toute génération, @Kachina si tu veux tout savoir sur le sujet je te conseille le film marocain L'orchestre de minuit, il est en accès libre sur youtube, c'est un film comédie biographique sur le chanteur Marcel Botbol qui est décédé l'année dernière du Covid.
Et dans les débuts du 20ᵉ siècle il y avait Zahra El Fassia
*Zohra Al Fassiya (1905-1994), née à Séfrou près de Fès, est une chanteuse et poétesse marocaine.
Sa contribution à la musique marocaine moderne, et plus particulièrement au genre du melhoun (chansons composées de longues strophes en arabe dialectal) est largement reconnue. Son répertoire inclut également bien d'autres genres comme le chaâbi, le gharnati, le djiri, le houzi, tous genres reliés à la musique arabo-andalouse du Maroc ainsi que des chansons populaires à caractère plus européen1. Juive, elle dut émigrer en 1962 en Israël, pays où ses talents furent ensevelis dans un oubli complet.
Née dans une famille de condition sociale modeste, Zohra al Fassiya est célèbre dès les années 1930, et devient une légende marocaine, une artiste admirée autant par les musulmans que par les juifs. Elle chante à la cour du roi Mohammed V. Elle a été la première femme marocaine à écrire et composer des chansons puis à les chanter en public (et non pas seulement dans un cadre privé) ; la première femme marocaine aussi à enregistrer des disques pour de grandes maisons d'édition comme Columbia Records et Gramophone Company1.
Zohra al Fassiya fait partie de la "toute première génération de "chikhates" qui ont construit leur carrière musicale sur fond de malheur. C’étaient des femmes marginalisées par la société, souvent rejetées par leurs parents, mais qui ont forcé l'admiration par leur liberté de ton2", dit Rita Stirn, auteur de Musiciennes marocaines (2017). Ses chansons célèbres, comme "Hak a Mamma", perdurent encore dans le répertoire musical marocain*
Aujourd'hui les traces de Zahra El Fassia sont suivies par une jeune artiste Maroco-israélienne Neta Al Kayam
-
@riad : peut-être HS mais juste un petit clin d'oeil joyeux . J'ai retrouvé ça dans ma playlist.
-
sinon tu connais Loreena ? elle aussi melange toutes les cultures
En effet, splendide artiste. Elle a le don de m'emouvoir et m'apaiser en même temps
@riad merci pour ce partage culturel !!!!
J'adore découvrir des horizons qui me sont jusqu'alors inconnus -
@kachina
Non, non, c'est pas HS, le style est un peu égyptien mais la musique séfarade était présente non seulement en Afrique du nord mais dans plusieurs pays arabes, dont le Yémen :
-
Tamar Bloch est une jeune chanteuse maroco-brésilienne, sa mère est marocaine originaire de Ait Ben Haddou, son père est brésilien, elle chante en arabe, en hébreu et en espagnole, Elle a participé deux fois au festival d'Essaouira.
Ici elle interprète une chanson andalouse marocaine, Layloun Ajib (une nuit merveilleuse) :Tamar Bloch ou Lalla Tamar comme elle aime être appelée, était active au sein de plusieurs groupes : Andalucious, Diwan Al Banat, mais aussi le groupe Zaaluk. (zaalouk est une recette marocaine à base d'aubergine, oui encore une fois l'aubergine )
- Zaaluk est un ensemble trans-méditerranéen et nord-africain offrant une expérience musicale sensationnelle et unique. Zaaluk fait revivre les chansons des femmes Haketiya perdues de l'ancienne communauté juive du Maroc espagnol. Ces mélodies séculaires sont ravivées avec une approche contemporaine inspirée des traditions musicales andalouses, nord-africaines et balkaniques. *
Ici avec le groupe sahraoui, Mnat Aichata de Guelmim la porte du Sahara :
-
Ana Alcaide
Née en 1976 à Madrid Ana Al Caid est une chanteuse de répertoire séfarade et joueuse nyckelharpa.
Ana jouait du violent depuis l'age de huit ans, après des études en biologie et un voyage au Mexique pour étudier les champignons, elle découvre le nyckelharpa lors d'un séjour en Suède.
De retour en Espagne, elle abandonne la biologie et se tourne alors vers des études musicales, tout en se familiarisant avec cet instrument et en se produisant dans les rues de Tolède. C'est ainsi qu'elle finance ses études à la Malmö Academy of Music.Le nyckelharpa
"Le ou la nyckelharpa est un instrument de musique traditionnel à cordes frottées d'origine suédoise, plus précisément de la région d'Uppland, au nord de Stockholm. Il appartient à la même famille que la vielle à roue et la vièle. Il existe depuis le Moyen Âge (les premières représentations de l'instrument datent du XVIe siècle) sous différentes formes et connaît aujourd'hui un regain d'intérêt depuis les années 1970 en Suède et ailleurs." wikipedia -
@riad
Merci pour toutes ces propositions !
Le côté médiéval me rappelle beaucoup les groupes que l’on retrouve notamment aux Médiévales d’Andilly. Quand la politique sanitaire permettra à cet événement annuel d’avoir à nouveau lieu, je te recommande de te le mettre au programme