La politique peut-elle pleinement s'exercer dans le cadre des partis politiques ?
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On nous parle souvent de politique mais force est de constater que le système apparaît bien verrouillé : nous avons comme liberté de voter pour des partis politiques lors d'élections, et ces derniers ont carte blanche pour nous gouverner. Mais quelque soit le parti politique vainqueur, je n'ai pas l'impression qu'il y ait beaucoup de différences, ni même qu'il y ait une quelconque forme de politique appliquée, les dirigeants ressemblant plus ou moins à des gestionnaires.
Je pense, et c'est le sujet de ce topic, qu'il y a un problème de fond avec la politique : c'est le fait qu'elle soit contrôlée par des partis politiques.
Les partis politiques fonctionnent par hiérarchie.
La base, les militants, est la partie qui est paradoxalement la plus intéressante, car elle est riche d'idées variées, supportées par des individus ayant des convictions politiques. Et quelqu'un qui se bat pour ses idées, je trouve que cela a un petit côté touchant.
Les idées ne sont évidemment pas toujours bonnes, et il y a matière à débattre. Le problème dans cette base est le biais cognitif : une idée défendue par les cadres dirigeants sera plus soutenue par la base, que si la même idée est soutenue par un parti adverse.
Outre cette base biaisée, plus on monte en hiérarchie, plus le comportement change.
Les individus ont tendance à être attirés par le pouvoir et à disposer d'un certain ego, leur conviction se résume parfois à obtenir le pouvoir sur d'autres individus. Les convictions idéologiques importent finalement peu. Et c'est compréhensible.
Car pour obtenir le pouvoir, il faut savoir faire des concessions, tourner sa veste pour satisfaire les bonnes personnes.A l'échelle locale, ce comportement commence à être visible. Des batailles d'ego apparaissent pour pouvoir être candidat, être sur les listes, etc. J'ai personnellement connu cela.
Et il peut exister des accords opaques entre les différents partis, même s'ils sont opposés.
J'avais vu à une époque un candidat dissident qui défendait ses convictions et était contre de tels accords. Il a eu bien des problèmes à cause de sa position. Cela donnait une image formidable de la politique à l'échelle locale.A un plus haut niveau, les hommes politiques n'hésitent pas à se servir de réseaux comme les franc-maçons, ou à s'entourer de lobbyistes. Cela optimise leur carrière. Et ils sont aussi influencés voire manipulés par leurs propres conseillers.
Comme vous l'avez sans doute compris, je pense que les partis politiques nuisent justement à l'exercice de la politique.
Que pensez-vous du fonctionnement de la politique dans le cadre des partis politiques ?
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@Trichemire
Un exemple récent, municipale 2è tour, alliances entre LREM et la droite beaucoup plus qu'avec la gauche.
Il avait dit "ni droite, ni gauche".Comme disait Coluche
"La politique, c'est pas compliqué, il suffit d'avoir une bonne conscience, et pour cela il faut juste avoir une mauvaise mémoire !"
Michel Colucci, dit Coluche - 1944-1986 - Pensées et anecdotes"Le mois de l'année où le politicien dit le moins de conneries, c'est le mois de février, parce qu'il n'y a que vingt-huit jours."
Michel Colucci, dit Coluche - 1944-1986 - Pensées et anecdotes"Il paraît que la crise rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Je ne vois pas en quoi c'est une crise. Depuis que je suis petit, c'est comme ça."
Michel Colucci, dit Coluche - 1944-1986 - Extrait du sketch "Le chômeur""Le gouvernement s'occupe de l'emploi. Le Premier ministre s'occupe personnellement de l'emploi. Surtout du sien."
Michel Colucci, dit Coluche - 1944-1986 - Extrait du sketch "Le chômeur""Homme politique, c'est une profession où il est plus utile d'avoir des relations que des remords."
Michel Colucci, dit Coluche - 1944-1986"La moitié des hommes politiques sont des bons à rien. Les autres sont prêts à tout."
Michel Colucci, dit Coluche - 1944-1986"Le plus dur pour les hommes politiques, c'est d'avoir la mémoire qu'il faut pour se souvenir de ce qu'il ne faut pas dire."
Michel Colucci, dit Coluche - 1944-1986"Je ferai remarquer aux hommes politiques qui me prennent pour un rigolo que ce n'est pas moi qui ait commencé."
Michel Colucci, dit Coluche - 1944-1986"Les hommes politiques font du show-business, et donc n'importe qui sachant faire du show-business peut faire de la politique."
Michel Colucci, dit Coluche - 1944-1986"Les journalistes ne croient pas les mensonges des hommes politiques, mais ils les répètent! C'est pire!"
Michel Colucci, dit Coluche - 1944-1986"Ca fait beaucoup marrer les gens de voir qu'on peut se moquer de la politique, alors que, dans l'ensemble, c'est surtout la politique qui se moque de nous."
Michel Colucci, dit Coluche - 1944-1986"La droite vend des promesses et ne les tient pas, la gauche vend de l'espoir et le brise."
Michel Colucci, dit Coluche - 1944-1986"Le monde appartient à ceux dont les ouvriers se lèvent tôt."
Michel Colucci, dit Coluche - 1944-1986"Technocrates, c'est les mecs que, quand tu leur poses une question, une fois qu'ils ont fini de répondre, tu comprends plus la question que t'as posée."
Michel Colucci, dit Coluche - 1944-1986"Vous savez que les hommes politiques et les journalistes ne sont pas à vendre. D'ailleurs, on n'a pas dit combien."
Michel Colucci, dit Coluche - 1944-1986"Il semblerait que le préservatif soit un très bon emblème politique. Il jugule l'inflation, il permet quand même l'expansion, il limite la surproduction et il offre une impression de sécurité satisfaisante."
Michel Colucci, dit Coluche - 1944-1986"La diplomatie ressemble beaucoup à la démagogie. La première est une qualité, l'autre un défaut."
Michel Colucci, dit Coluche - 1944-1986 -
@Trichemire Je partage le même constat. J'ai lu une partie de "Crépuscule" de Juan Branco (je supporte pas le type, il a un égo démesuré, mais il écrit des choses intéressantes), et il montre quand même assez bien que le système politique pousse à ce genre de chose :
@Trichemire a dit dans La politique peut-elle pleinement s'exercer dans le cadre des partis politiques ? :
A un plus haut niveau, les hommes politiques n'hésitent pas à se servir de réseaux comme les franc-maçons, ou à s'entourer de lobbyistes.
Les gens (peuple) se fâchent, disent qu'ils (les politiques) sont tous vendus. J.Branco a vécu ça de l'intérieur, et c'est en ça que son "témoignage" prend de la valeur. Ce n'est pas un concours d'égo, ni même des personnalités égoïstes qui pensent à eux, aux copains, avant l'intérêt général. On ne peut pas en vouloir à des personnes, car dans leur prisme (je parle de politique de haut niveau, j'imagine qu'au niveau local ça se vérifie, tout comme tu l'as signalé), tout est normal, sous contrôle, et même bienveillant. C'est plus mécanique que cela, c'est un système huilé, malheureusement pas de grand méchant qui tire les ficelles, ce serait caricatural.
Voilà pour l'idée qui apparaît dans Crépuscule. Après pour le reste de ton post :
@Trichemire a dit dans La politique peut-elle pleinement s'exercer dans le cadre des partis politiques ? :
il y a un problème de fond avec la politique : c'est le fait qu'elle soit contrôlée par des partis politiques
De par les problèmes cités plus haut, soit il faut assainir les partis de leurs influences et leurs pouvoir, soit les en déposséder et "redescendre" (j'aime pas ce verbe, mais j'en ai pas d'autres là) les étapes de controles, voir les étapes décisionnelles, à un niveau citoyen. Va opérer du lobbying quand un pays est dirigé par la multitude. Je ne crois pas à un système élitiste qui serait plus vertueux qu'un système dont la gérance serait plus distribuée.
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@Godzapon Ah je n'ai jamais lu "Crépuscule" mais j'en ai à plusieurs reprises entendu parler. Du coup tu m'intrigues en me rappelant ce livre.
En parlant de dépossession, il y a bien eu une volonté d'intégrer des individus issus de la société civile avec Macron car c'est tendance, mais il s'agissait d'individus précis. Je veux dire par là que finalement il n'y a pas plus de mixité sociale.
A l'échelle locale des échos que j'ai pu avoir sur Lyon, cela fonctionne mieux. Mais c'est amusant de constater que les partis politiques se sentent plus ou moins obligés d'intégrer des individus qui ne sont pas des politiciens à cause justement de la déconnexion citoyens / politiques.
Je t'avoue que je n'ai pas trop d'idée sur comment pallier à ce problème : critiquer c'est facile, trouver des solutions beaucoup moins !
Par exemple faire un tirage au sort de citoyens pour réfléchir sur des sujets précis. Des sortes d'Assemblée citoyennes. Je crois que ça existe plus ou moins déjà mais elles n'ont pas assez d'importances. Bien sûr cela suppose un intérêt des citoyens pour la politique.
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@Trichemire a dit dans La politique peut-elle pleinement s'exercer dans le cadre des partis politiques ? :
Bien sûr cela suppose un intérêt des citoyens pour la politique.
J'ai tendance à croire que si on implique les citoyens directement, ça ravivera l'intérêt. Mais aucune certitude.
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N'oublions pas que Macron a été élu en dehors des paris. Certes, beaucoup de ses soutiens provenaient de partis politiques, mais lui-même s'est passé de la structure partisane pour construire sa campagne.
Son parti a été créé après coup, et on remarque un truc : une grande partie de ses députés sont des amateurs qui ne comprennent rien à la politique, parce qu'ils n'ont jamais été formés à ça.Le rôle des partis politiques, ce n'est pas seulement de concourir aux élections et de s'accaparer le pouvoir, c'est de former des militants, de donner une culture politique à leurs adhérents. C'est pour ça qu'il y a régulièrement des congrès, des universités d'été, des rencontres au sein des partis politiques, pour s'assurer que les militants puissent s'informer et s'éduquer petit à petit sur la politique et le fonctionnement de la démocratie.
Enlevez les partis, et vous obtenez des gens comme Macron au pouvoir qui se repose principalement sur des groupies sans culture et sans colonne vertébrale.Donc oui, les partis ont des défauts, et moi-même je me tiens éloigné du militantisme, après avoir passé 5 ans dans un parti politique. Mais le problème, ce n'est pas les partis, c'est les institutions. Tout a été fait pour verrouiller le système politique autour de deux camps, ce qui fait qu'un seul parti prend tout le pouvoir dès qu'il gagne la présidentielle, et les autres partis sont juste bons à négocier des postes et à servir de forces d'appoint.
Si on virait le scrutin majoritaire pour les législatives, et les primes majoritaires effarantes des municipales et des régionales, les partis poseraient moins de problème parce qu'il y aurait beaucoup plus de pluralisme. Et personnellement, je serais même favorable à supprimer l'élection présidentielle, mais les gens ne sont pas prêts. -
Les gens seraient prêts,s'il ne jugeaient pas sur pièce les seigneurs des régions,qui se conduisent en potentats régnants,et auxquels il ne serait pas raisonnable de leur en offrir plus!
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@Madarjeen Je ne suis pas vraiment d'accord avec toi quand tu dis qu'une grande partie des députés de la majorité sont des amateurs qui ne comprennent rien à la politique. Ils sont bien conseillés. Les lois faites sous Macron ne me semblent pas plus ratées que celles sous Hollande, dans le sens où elles peuvent être retoquées par le conseil constitutionnel par exemple.
La gestion de la fameuse taxe à 75% a été un véritable désastre sous Hollande, niveau amateurisme il est difficile de faire mieux. Mais ce sabotage était peut-être volontaire après tout.
Je pense qu'on peut avoir une culture politique sans être "formé" dans un parti politique. D'ailleurs la culture politique dans un parti est particulière. On ne t'apprend pas à y penser ou à remettre en cause des idées, mais à penser comme le parti veut ! On te donne des tracts pour réciter tel un perroquet ce que tu dois dire pour convaincre les individus. Ce n'est pas de l'éducation pour moi mais de l'aliénation.
Sinon je suis d'accord avec toi qu'il y a un problème avec les institutions mais je me suis focalisé sur le principe des partis politiques sur ce topic. Effectivement je ne vois plus trop l'intérêt de l'élection présidentielle vu qu'elle est suivie des législatives juste après, qui ne sont là que pour conforter le choix effectué lors de l'élection présidentielle.