C'est une expédition complètement hors du commun, mais nous étions motivés. Faire les postes-frontières du territoire. Les préparatifs ont été effectués avec minutie : nous ne sommes pas novices. Nous avons trois véhicules. Une remorque avec congélateur rempli de barres de glace pour l'alimentation humide et le reste de la place est rempli par l'alimentation sèche, les jerrycans d'eau . Une autre remorque transporte la literie, la vaisselle et le matériel divers nécessaire à une semaine de brousse. Sans oublier tout ce que l'on a collecté pour distribuer : vêtements, produits d'hygiène, matériel scolaire que nous laissons dans les villages que nous traversons. Dans la troisième remorque, le carburant, le bois pour nos feux de camp et les réchauds, sans oublier tout l'outillage indispensable.
Babou, ayant vécu toute ca vie ici, nous accompagne à chaque sortie sur le territoire. C'est une aide précieuse si nous rencontrons des personnes qui ne parlent pas français.
Voilà quatre jours que nous avons pris la route. Nous arrivons au deuxième poste-frontière. La vue sur les montagnes environnantes est saisissante. Qui se hasarderait à les franchir sous ce soleil implacable ? La terre est brûlée, les cailloux sont noirs...
Nous allons monter notre bivouac avant dix-huit heures, le long du mur d'enceinte. En quinze minutes, nous passons du jour à la nuit. C'est très rapide.
Demain matin, nous pourrons nous rafraîchir à l'oasis un peu plus bas.
C'est magnifique ! Des palmiers, un ruisseau, des fleurs en plein désert.
L'obscurité est à présent totale. Le feu de camp nous éclaire et nous y faisons griller notre repas. Les lampes à pétrole sont accrochées au dessus des tables. Nous avons nos piles électriques pour circuler.
Nous avons dîné.
Il est l'heure de coucher les enfants. Ils se sont bien amusés depuis notre arrivée ici, et ne tarderont pas à retrouver le marchand de sable.
Ce sable qui nous entoure sur des milliers de km...
Le silence de la nuit n'est troublé que par les cris d'animaux.
Rien ne transpire du poste-frontière. Tout est calme. Des animaux qu'on ne voit que loin, comme cette gazelle, hier. Paul m'a demandé :
"Mais d'où sort-elle "?
ma réponse fut celle-ci :
"C'est le mystère de ce pays, Paul, Tu ne vois personne, mais si tu as un problème, tu as une nuée d'enfants et des bergers qui arrivent à ton secours. "
J'ajoutais quand même :
"le sol n'est pas droit comme on se l'imagine avec cette chaleur... en fait, ce sont des petites collines et il y a des petits villages que l'on ne voit pas."
Dormir à la belle étoile, cela crée des émotions intenses.
Ou bien l'on se détend, on laisse son corps voguer vers l'infini céleste, ou bien, inversement, on se recroqueville dans le sac de couchage, s'agrippant à ce qui nous relie au sol, pour garder les pieds sur terre, selon l'expression.
"Bonne nuit les enfants... Les dents sont lavées ? vous avez bien pris votre comprimé de sel ? "
Rassurée par des réponses affirmatives et de tendres câlins, je rejoins les adultes installés autour du feu de camp.
Les hommes ont fait la vaisselle tandis que les femmes couchaient les enfants.
Babou prépare les bidons vides pour que nous refassions le plein d'eau demain matin à la source. Il nous rejoint pour regarder les photos du jour : des termitières, des sources d'eau chaude.
Demain nous éclaterons la boîte à clics à l'oasis !