Nous avons le personnage d'Isabela dont le pouvoir est de générer des fleurs. Un pouvoir au final bien plus vaste, puisqu'il s'étend en fait aux végétaux. Un aspect de son pouvoir qu'Isabela ne semble pas assumer.
Ce qui m'amène à cette question : Isabela ne serait-elle pas ici une illustration de l'adolescent gay ?
J'ai conscience que ça peut avoir l'air accessoire et gratuit comme question.
En effet, rien dans ce film ne permet d'établir avec certitude la réelle orientation sexuelle d'Isabela. Néanmoins beaucoup d'éléments le sous-entendent.
A commencer par les fleurs, un stéréotype rattaché à la féminité, et donc aux attentes familiales qui pèsent sur Isabela : qu'elle soit douce, gracieuse, qu'elle se marie et fasse des enfants.
Les fameux végétaux - symboles de l'adolescence qu'elle n'a pas eu-, auront tôt fait de faire voler en éclat la jolie robe d'Isabela, et donc son image de fille parfaite.
Par ailleurs il y a aussi la question des pouvoirs qui s'amenuisent : Qui commence à perdre ses pouvoirs ? D'abord Louisa qui perd sa superforce. Puis Camilo qui ne peut plus changer d'apparence.
Ca s'apparente à l'état d'esprit d'un(e) ado qui va finir par ne plus sentir la force de garder son secret et de continuer à se dissimuler derrière ce qu'il/elle n'est pas.
C'est là qu'on en vient à Mirabel. La vision de Bruno la place au coeur de la résolution du problème.
Or, le fait que Isabela et Mirabel fasse juste la paix me semble léger.
En vérité, je crois qu'Isabela avait juste besoin de soulager son coeur, et de se trouver enfin une alliée, un soutien, afin d'enfin trouver la force d'assumer et de défendre une vérité interdite par les exigences d'une cellule familiale toxique. Ce premier cactus qui a poussé dans sa chambre est ce qui se rapproche le plus d'un coming out.
Au final, si je soulève ça, c'est parce que ça concerne ce tabou ancestral chez Disney.
Depuis plusieurs années, la firme de l'Oncle Walt aborde dans ses long-métrages toujours plus de themes autour de l'émancipation de la jeunesse, de la remise en question des normes et valeurs imposées par la société, de la morale, ainsi que du libre arbitre (la Reine des Neiges, Vaiana, Zootopie, Les Mondes de Ralph).
Cependant, elle semble encore et toujours esquiver la délicate - mais néanmoins majeure - question de l'orientation sexuelle.
Serait-ce ici un -timide- début ?