La communauté noire
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Je crois que je suis le moins légitime pour parler des communautés, surtout de la communauté noire... Ou du moins d'en donner mon avis.
Je parlerai simplement d'une expérience que j'ai vécu dans ma première colocation (j'avais un peu abordé le sujet sur un vieux topic il me semble).
Mais pour faire simple j'étais en coloc avec une fille noire (bon elle se vendait comme une "femme noire, lesbienne, non binaire, obèse, qui mange vegan et sans gluten") et globalement elle se rattachait beaucoup à la communauté noire et je pense que ses idéologies viraient même parfois au communautarisme. Elle parlait souvent de sa condition de femme noire dans une société où c'est le mâle blanc qui domine et avait toujours des trucs à dire. Globalement je suis toujours ouvert à la discussion, je suis ravi de débattre, mais je me souviens qu'elle en parlait beaucoup, sans trop savoir où elle voulait en venir, et d'ailleurs quand on se parlait c'était souvent de ça, tout le reste n'avais pas la moindre importance. Pour elle il était important que je me "décolonialise". Et le truc c'est qu'à trop parler de ça, trop souvent, trop longtemps, ça m'a gonflé, et quand je lui ai dit que j'en avait marre, je suis passé pour (selon ses propres mots) le "babtou colonisateur" (bon j'ai eu cette étiquette plus d'une fois dès que j'avais le malheur de faire un truc qui lui plaît pas).Et c'est là que l'on voit bien la dérive communautariste. Parce que cette meuf elle se sentait en permanence persécutée.
Je veux pas me jeter des fleurs en disant que je suis le meilleur mâle blanc sur Terre, c'est totalement faux, simplement j'ai toujours cherché à être sympa et compréhensif, du mieux que je le pouvais et pourtant ça n'a pas empêché ce qui s'est passé...
Donc c'est vrai que j'ai tendance à associer communauté et communautarisme et amalgamer les deux alors que je ne devrais pas...
Et pour moi, au delà de toutes les communautés, des origines, des nationalités, on est surtout tous des humains.Je suis pas un blanc français, je suis juste un humain.
(C'est assez facile à dire pour moi qui suis un mâle blanc, paraît que je suis du bon côté de l'histoire).
Enfin voilà, pour moi, les nationalités comme les communautés, c'est juste un truc complètement con et inutile que l'humain a créé pour diviser son espèce. -
@Martin
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@Martin
Je ne suis pas tout à fait d'accord dans le sens où se retrouvait parfois entouré de gens qui ont les mêmes, références, cultures... peut être agréable, rassurant sans pour autant que ça ne parte dans un truc sectaire, communautariste ou autre.
Je pense que si demain tu partais t'installer au Japon même si l'integration se passe super bien tu seras quand même content si un jour te trouve une petite boulangerie française dans laquelle tu pourras acheter ta baguette et échanger quelques mots en français avec le boulanger et les autres clients.
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@Martin
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@loutre
J'ai même envie d'ajouter que ce sentiment , ce besoin d'appartenance à un groupe doit être difficile à comprendre quand on vit dans son propre pays et que la majorité des gens qui t'entourent sont "pareilles que nous"Je prend mon exemple :
Je suis métisse, quasi toute la famille du cote de mon père vit à 10 000km.
Donc niveau famille je vois surtout le côté de ma mère qui ne connaissent rien à la culture de mon père (ce nest pas un reproche, c'est un fait.)Mes amis sont soit blanc, soit noirs. Donc quand on fait des soirées je suis sois entourées d'africain avec musique et nourriture camerounais ou qu'avec des français blanc.
Jusqu'à il y a peu je ne pretais pas attention à tout ça...
Jusqu'à il y a environ 2/3 ans quand je suis partie en vacances voir ma famille du bout du monde.
Et là ça a été un choc. Jetais entouré de gens métisse comme moi qui appréciaient la même nourriture que moi écoutez la même musique que moi, me retrouver au milieu d'eux m'a procuré un sentiment que je n'avais jamais éprouvé auparavant, le sentiment d'être chez moi, à ma place parmis les miens.
Le premier jour en arrivant là bas, quand le chauffeur de taxi a compris que mon papa etait de son île, il m'a pris dans ses bras et m'a souhaité la bienvenue "à la maison".
Le retour a été très difficile.
Et je pense que ma fille a ressentie la même chose car depuis elle ne cesse de répéter qu'elle est créole et quun jour elle ira vivre là bas.
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@loutre a dit dans La communauté noire :
Je ne suis pas tout à fait d'accord dans le sens où se retrouvait parfois entouré de gens qui ont les mêmes, références, cultures... peut être agréable, rassurant sans pour autant que ça ne parte dans un truc sectaire, communautariste ou autre.
Mais c'est là l'illusion. A partir du moment où les gens vont s'enfermer dans une communauté ethnique, culturelle ou religieuse, cela finira presque toujours par devenir du communautarisme, l'histoire de @Martin le résume bien... Bien sûr que la personne se sent rassurée d'appartenir à un groupe, c'est l'instinct grégaire qui veut ça, mais cela n'aidera pas le relationnel avec les personnes extérieures à ce groupe.
Les petites communautés anodines (Par exemple un club de joueurs et joueuses de belote) ne posent pas de problèmes.
Mais quand cette communauté se base sur une appartenance ethnique, culturelle ou religieuse, elle va dériver en communautarisme dans la plupart des cas parce qu'elle va générer un sentiment de différence, qui va devenir de la défiance envers les autres, par simple réflexe de défense de sa communauté et de ses intérêts, valeurs etc...
C'est quelque chose qui va ronger l'esprit des membres de ce communautarisme quasiment à leur insu, parce que la nature humaine à cet instinct depuis la nuit des temps, et cela va faire que "l'autre" va peu à peu être perçu comme un ennemi, même s'il n'a rien fait. Ce phénomène se retrouve particulièrement dans les quartiers chauds par exemple, on sait tous le résultat que cela donne. -
@Wolfen
Je ne suis pas d'accord.Il ne faut pas non plus prendre les gens pour des imbéciles.
Ce n'est pas parceque tu es un chinois qui aime aller acheter des produits chinois dans le quartier chinois du coin pour parler chinois avec la caissière et que tu fais partie du club machin chose que tu vas obligatoirement te fermer aux autres et te sentir persécuté.
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@loutre Tant que tu équilibres tes contacts avec les autres cultures, non bien sûr. Mais par contre, si tu t'enfermes dedans, si... Tu ne t'en rendras pas forcément compte, mais cela glissera doucement vers cela. Ce n'est pas une question d'intelligence, c'est instinctif.
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@loutre a dit dans La communauté noire :
Il ne faut pas non plus prendre les gens pour des imbéciles.
C'est là que ça pêche, l'être humain moyen ne brille pas par son intelligence. Il y aura certes des gens qui ne vont pas virer dans le communautarisme, parce qu'au delà de leur identité culturelle, et leur possible appartenance à une communauté, ils vont faire la différence. Mais globalement, les gens prennent la mouche dès qu'on leur dit un truc qui leur plait pas. Alors imagine si on a le malheur de leur dire un truc sur leur communauté qui ne leur plait pas...
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@loutre j'ai habité à l'etranger. En Irlande et en grece. j'avais des amis français, italiens, philippin, allemenad irlandais/grec. Ca dépend de ton envie d'integration. Oui j'aurais pu restert qu'avec des franco français mais ca n'a aucun interet de partir de ton pays pour aller vivre ailleurs comme chez toi...
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@Kallindra a dit dans La communauté noire :
ca n'a aucun interet de partir de ton pays pour aller vivre ailleurs comme chez toi...
Peut-être que ça dépend aussi de la raison pour laquelle tu es parti de ton pays ? Genre si c'est volontaire ou pas, par exemple... Si c'est pour aller découvrir une autre culture ou si c'est à cause de la guerre ou des catastrophes naturelles ou que sais-je encore.
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Je rejoins totalement @Kallindra et pour te répondre @loutre effectivement si je pars au Japon, je vais apprécier retrouver des produits français de temps en temps, pour le plaisir, mais si je dois aller dans un pays différent de celui dans lequel je vis, c'est pas pour vivre comme dans le pays que je viens de quitter sinon autant ne pas partir.
Donc effectivement je vais apprécier le moemnt que je vais passer à échanger en français avec le boulanger français au Japon, mais ce n'est pas pour ça que j'irai au Japon.
Par exemple truc tout con, mon chéri il est espagnol, j'apprécie échanger en espagnol avec lui, parce que c'est sa langue maternelle, pourtant il parle très bien français et on ne pourrait parler qu'en français. Mais plutôt que de rester dans mon français parce que je suis en France et qu'il faut parler français en France, ben je m'ouvre aux autres, j'apprend à parler comme eux, parce que je ne veux pas me limiter à qui je suis maintenant.
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@loutre a dit dans La communauté noire :
Et là ça a été un choc. Jetais entouré de gens métisse comme moi qui appréciaient la même nourriture que moi écoutez la même musique que moi, me retrouver au milieu d'eux m'a procuré un sentiment que je n'avais jamais éprouvé auparavant, le sentiment d'être chez moi, à ma place parmis les miens.
Je comprends mieux le sens de ce sujet pour toi...
Du coup peut-être voudrais-tu partager quel est ton cheminement par rapport à cette impression ?
Par exemple, aimerais-tu ou envisages-tu d'aller t'installer là-bas ? -
@Martin parce que toi tu ne prendrais pas la mouche si on te faisait une réflexion négative sur tes origines?
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Il y a quand une différence entre apprécier d'aller acheter sa baguette dans le quartier français du coin et s'enfermer qu'avec ses semblables....
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@Sylareen oui, c'est pas bête, ça doit jouer aussi j'imagine.
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@Olivier
Non là c'est une digression car vous êtes parti dans le communautarisme donc j'essaie juste d'expliquer que le besoin de se retrouver nest pas forcément négatif.
A la base je voulais juste dire que pour moi ne terme communauté noire n'a aucun sens tout comme communauté blanche.
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@loutre a dit dans La communauté noire :
@Martin parce que toi tu ne prendrais pas la mouche si on te faisait une réflexion négative sur tes origines?
Non parce que l'avis des gens il me passe au dessus... Déjà que l'opinion de mon propre père sur mes choix de vie, je m'en tape très fort, alors un sombre inconnu n'en parlons pas... S'il n'a rien de mieux à faire de sa vie, c'est triste pour lui, mais moi j'ai mieux à faire que de l'écouter parler.
Edit: D'autant que mes origines, perso, ça ne m'intéresse pas plus que ça... comme je le disais plus haut, je me revendique humain, avant de me revendiquer français ou quoi.
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@Dryanaide Le problème du vocabulaire est toujours important. ce n'est pas le premier fil sur lequel se pose cette question. Le sens, voire l'acception, qu'on donne à un même mot peut impliquer des difficultés à se comprendre. Ces difficultés peuvent aussi être en partie volontaires, lorsqu'un fond idéologique les construit. Et un terme comme communauté, surtout dans cette époque de multiculturalité ne peut qu'être polysémique, avec des options idéologiques plus ou moins marquées. Mais il est souvent difficile d''approfondir les bases idéologiques. d'une part car elles sont parfois moins définies, solides, établies qu'il ne le faudrait pour pouvoir en discuter profondément. De deux parce que cette discussion deviendrait "chiante" ou "pesante" pour beaucoup puisqu'il y aurait impression d'une vaste et inopportune digression qui noie le poisson ou qui simplement démotive. Enfin, car une fois une posture ou position adoptée, il est parfois difficile d'en changer, sauf peut-être parfois par palier, par degré. D'autant que des adversaires auront possiblement intérêt ou envie de caricaturer l'autre, de faire mine de ne pas voir ou accepter des changements pour rester eux-mêmes dans une position, qui leur apportera souvent des avantages sur d'autres plan (par exemple de bénéfice émotionnel du conformisme, ou de considération au sein de leur groupe).
Un communauté peut-être une des composantes d'une société mais aussi une forme de société traditionnelle (on a pu parler de communauté traditionnelle). Mais le tout est de contextualiser l'utilisation. Et le problème actuel de nos sociétés, est celui de grands mouvements de population qui impliquent des échanges plus ou moins conflictuels. Ça a d'ailleurs été les cas depuis les temps les plus anciens, dans lesquels ont parlait plus souvent de tribus, parce que l'homogénéité du groupe considéré était plus forte qu'actuellement dans la plupart des communautés.
La 'communauté noire' est un agrégat, non seulement d'origines et donc de cultures diverses, voire même de types physiques puisque c'est sur ce registre qu'elle s'institue, mais également et peut-être surtout d'objectifs, de besoins, de calculs, de stratégies, aussi bien collectifs qu'individuels. Et c'est à peu près la même chose pour toutes les 'communautés' actuelles. Il y a un degré parfois assez important d’hétérogénéité qui font de ces communautés des ensembles flous, complexes, très liés à des logiques d'affirmation, de luttes sociales décalées ou détournées.Donc oui il y a des communautés de l'anneau, sportives, d'idées, etc. Mais, là, le sujet est celui de cette singularité sociale et politique actuelle de rassemblements identitaires face à la montée en charge de l'universalisme dont l'idéalisme, certes sympathique de fraternité entre tous les êtres humains, néglige facilement des spécificités qui ont une Histoire, des racines, des désirs, et qui, de plus, oublie aussi une 'nature' humaine (même si je n'aime pas souvent employer ce terme à prendre avec des pincettes) faites de confrontations pour des ressources, des positions, des places, du pouvoir, etc.
La tolérance et le vivre ensemble sont des idéaux nobles mais, comme le disait Péguy le kantisme a les mains pures, mais il n'a pas de mains... Non pas d'ailleurs que Kant soit si naïf que cela sur le sujet, mais qu'il juge trop facilement de ce que cette granularité des passions humaines se dissoudraient dans leurs confrontations multiples au sein des règles d'une société globale. -
@Delnis a dit dans La communauté noire :
@loutre le métissage en cours adoucira les clivages dans le futur. Actuellement et depuis toujours, ce sont les religions qui relient les fidèles, mais déchirent les sociétés !
Pas que les religions. Les causes de conflits entre les peuples / tribus / communauté, etc. sont aussi souvent matérielles, ou de volonté de puissance, d'expansion culturelle. Et le métissage changera-t-il ces clivages ? Et, à propos de ce métissage, que penses-tu de la récupération aux états-unis de "la goutte de sang", d'origine esclavagiste mais récupérée, en inversion, par beaucoup de métisses américains qui vont en faire une utilisation en fonction de leurs intérêts... ? Et n'y-a-t-il pas importation de cette vision américaine dans la vieille Europe ?
@Wolfen a dit dans La communauté noire :
@loutre Tant que tu équilibres tes contacts avec les autres cultures, non bien sûr. Mais par contre, si tu t'enfermes dedans, si... Tu ne t'en rendras pas forcément compte, mais cela glissera doucement vers cela. Ce n'est pas une question d'intelligence, c'est instinctif.
Oui, le confort que tu éprouveras dans ta communauté t'incitera à accepter beaucoup de choses pour conserver ce confort, jusques et y compris certains comportements d'exclusion de la part cette communauté, certaines positions que tu préféreras minimiser ou ne pas trop aborder pour ne pas te mettre en porte-à-faux, pour ne pas mettre en danger ta "place" au sein de cette communauté... Si tu es appelée à prendre partie, le choix risque d'être (trop) vite fait... Et même, instinctivement, effectivement, tu prendras parti pro-activement (d'autant plus que tu voudras ou auras besoin de donner des gages d'allégeance intégrante) pour celles et ceux qui t'auront apporté du plaisir, de l'affection, une confort émotionnel. C'est un mécanisme terrible contre lequel il est très difficile de se prémunir ou de résister.
Et toutes les formes de communautés (dans l'acception très ouverte de Dryanaïde) s'y conforme... Toutes !