Je n'aime pas Nolan, je ne m'en cache pas. Je trouve qu'il rend ses films inutilement alambiqués et qu'ils s'avèrent souvent vides de sens au final, basant tout sur l'esthétique. Je passe donc mon tour quand son nom est accolé à une nouvelle sortie ciné.
Interstellar fait donc partie des films de ces dernières années que j'ai volontairement zappé, d'autant plus qu'il y avait une hype autour. Je ne m'étais absolument pas renseignée à tel point qu'avant le visionnage, je ne savais pas du tout de quoi ça parlait, seulement que ça se passait dans l'espace d'après ce que l'on voyait des affiches.
Mais, je connaissais la musique. Dès que je l'ai entendu, elle a fait remonter tout un tas de souvenirs qui devraient rester relégués dans un coin de ma mémoire. Je l'avais découverte en voiture. J'avais été saisie par cette bande son d'une dizaine de minutes, je me souviens que j'étais happée. On m'avait perdu pendant toute sa durée. Aussitôt, j'ai noté le nom et je l'ai longtemps écouté en boucle. Loin des musiques de Star Wars et autres OST de jv, elle tranchait complètement, comme si l'on se retrouvait pendant quelques instants coupés du reste du monde, dans un habitacle qui nous isole de l'extérieur (ici la voiture, la fusée dans le film). Vous savez cette sensation lorsque l'on découvre une musique qui nous touche au plus profond de nous dans un contexte où l'on se sent parfaitement bien. Et ce bruit de tic tac pour nous rappeler ce temps hors du temps, ce temps qui ralentit l'espace de quelques minutes alors que tout autour de nous continue d'avancer à un rythme normal. Comme l'impression de ne plus être dans le moment présent car celui-ci n'existe pas. On est projeté vers un infini sans pour autant bouger de là où l'on est, c'est la magie de la musique. Elle transfigure le quotidien et le transcende pour qu'il devienne autre que comme il nous apparaît habituellement.
Cette musique c'était déjà tout ça pour moi. Maintenant, sa portée s'élargit et en même temps permet de raviver cette sensation de plénitude dans mon esprit.
Et finalement, deux ans plus tard je prends la peine de visionner le film dans le cadre du challenge ciné du forum. Je n'ai pas été aussi émue que certains par ces 2h40 (qui se seront étalées sur environ 4h pour moi, pause pipi comprise). Mais j'ai été transportée par l'histoire et j'ai retenu mon souffle en suivant l'équipe dans l'espace. J'avais déjà compris la fin assez tôt (même si celle-ci est sujette à interprétation comme mentionné dans certains commentaires) mais dans le feu de l'action, je me laissais prendre au jeu.
Je crois que la scène qui m'a le plus marquée bizarrement, c'est celle où ils amerrissent sur la première planète et qu'ils se font engloutir par une vague énorme. Visuellement, elle est impressionnante. Scénaristiquement, elle révèle certains clichés qui vont me faire tiquer à différents moments du film.
Je trouve aussi dommage que la plupart des personnages ne soient pas développés, tout tournant autour de la relation de Cooper et de sa fille Murphy (même si celle-ci est bien retranscrite).
Puis, je déplore le retournement de situation qui, avant même de nous apparaître directement, est déjà annoncé plusieurs minutes auparavant par la musique, ça gâche tout l'effet.
J'aurais aussi préféré un peu plus de contexte sur les conditions apocalyptiques du film. Pourquoi la nourriture vient à manquer ? Qu'est-ce qui fait que mère nature se venge et laisse mourir les humains ? Qu'en est-il des animaux et de la nature en général ? Ce qui me fascine dans les univers apocalyptiques et post-apocalyptiques ce sont avant tout les causes. Plus elles sont développées, plus l'univers s'en trouve enrichi. À défaut d'être réaliste, il devient vraisemblable.
Mais nous ne le cachons pas, malgré les défauts que je relève (et j'avoue avoir la flemme de tous les citer), j'ai apprécié les heures passées devant. Esthétiquement, il m'en a mis plein les yeux, il m'a captivé sur une thématique qui est loin de mes passions : l'espace et la vie en dehors de notre planète. Mais pendant ce temps donné, j'ai pu effleurer du doigt la sensation que peuvent ressentir les astronautes lorsqu'ils sont envoyés à l'extérieur de notre planète, cette excitation provoquée par l'aventure, par l'exploration et la découverte. Comme le dit Cooper dans le film, ils sont des explorateurs. On y retrouve une sensation commune à chaque type de découverte, lorsque après avoir quitté sa zone de confort et dépassé le stade de l'anxiété de ne plus être dans le connu, on s'abandonne complètement à l'inconnu, et touchons du doigt la plénitude. Cette sensation ne dure que quelques instants, elle est furtive mais tant qu'elle est là, nous ressentons par tous les pores de notre peau l'impression que nous sommes complets et en phase avec l'univers.
Je ferme les yeux alors et m'enroule comme une boule.