@Astyanax
A mon sens, , mais je souligne bien à mon sens (sur les conseils de Wantwish) Une absence de jugement est un jugement, par défaut, mais un jugement nihiliste et sociétal. En gros, tant que rien ne contrevient à la loi et l'ordre, que chacun fasse ce qui lui plaît, peu importe. Rien n'a plus alors de sens a = b = x = w... Tout se valant, rien ne vaut rien, sauf peut-être à l'instant présent, totalement présent.... Mais à quoi ? A l'année ? A la semaine ? A l'heure ? A la seconde ?
C'est cela l'individualisme le plus extrême, car il ne voit le monde qu'à une temporalité si réduite que toutes les conséquences seraient supportables, ou plus exactement, "sans" conséquences. C'est une abstraction qui relève de la chimère platonicienne occidentale qui, malheureusement, s'est diffusée à toute la planète, par le biais de l'essenisme, du christianisme... (Je pourrais remonter un peu la généalogie mais je préfère rester sur Platon qui est le vecteur principal de l'idéelisation du monde, ce qui pourrait sembler, pour cet athlète, culturiste, très adepte des plaisirs du corps, un paradoxe... mais qui ne l'est pas, au contraire nous l'allons voir).
Car oui ! Cette idéelisation implique une subordination du corps ... Des autres, de leur temporalité, de leur matérialité, au corps dominant ; au corps de celui ou celle qui va utiliser les autres pour ses propres plaisirs (exploitation de la force de travail, de la voix, du sexe, de la présence, de la force, etc.).
Donc oui, lorsque tu dis par égoïsme, c'est très précis.
Mais le corps, la matérialité n'a pas la temporalité de la volonté, d'un soit disant "esprit"
LE monde matériel est limité, fini. Ses ressources peuvent s'éteindre, le corps peut vieillir, mourir, ne plus plaire
L'individualisme est un jeu de jeunes divinités appeler à payer cher leur haine des autres, leurs profits, leurs manipulations, la satisfaction de leur Ego, tout cela accompagné d'une justification permanente à laquelle il se livre avec méthode et cynisme (sans avoir l'air évidemment d'y toucher pour garder une estime de soi) pour pouvoir ignorer le fait que l'épée de Damoclès ne vient sur eux un jour que parce qu'ils ou elles l'ont prise en main, mais au-dessus de la tête des autres, durant quelque temps.
Tout manque d'attention aux autres est un jugement. Toute non implication est un jugement. Je vous invite à revoir "12 hommes en colère". Et oui, tu as raison Astyanax, le religieux est là très exactement pour la quasi totalité de cet homo sapiens, aux aspirations et illusions de lui et de son être si grandes et à sa force si inexistante. Se mettre sur les épaules d'un "père" ou dans les bras d'une "mère" pour n'avoir jamais la force d'affronter le réel dans sa vérité.
La physique et la biologie ne disent rien de l'inexistence de dieu. Seule l'anthropologie et l'archéologie nous disent, précisément, les inventions, les récits (on parle maintenant de "storytelling"), la fabrication, le bidouillage, assez maladroit voire comique, de ces "personnages conceptuels" (dieux, dieu, esprits, anges, ancêtres, fées, père noël, etc.) du fils de l'Homme : homo sapiens.
Ce n'est donc pas,,,,,, là encore AMHA (A Mon Humble Avis),,,,,, l'individualisme qui pose problème au croyant, même ancien, mais plutôt la contrainte que représente le vieillissement du corps, le changement climatique, la perte de sens consummériste, c'est à dire la douleur d'avoir à accepter la vraie matérialité du monde. J'aime, dans Le nom de la Rose la remarque sage de Guillaume à Atzo lorsque celui-ci, tout au début, se tortille par envie de pipi : "- pour apprendre à dominer la nature, il faut d'abord apprendre à lui obéir". Et tout dans le livre parle de ce rapport et de sa complexité dans ce monde bancal du religieux.
Sur un tel sujet il faudrait se voir, lire les expressions du visage, entendre la voix, ses intonations. Sinon il y a trop à dire...