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RE: Décris-moi un mouton
On dit souvent que le hasard fait bien les choses. Ou qu’on s’est rencontré par hasard, ou encore aller au hasard etc.
Le hasard peut être une aventure, ou pas, aller au hasard pour provoquer un évènement ne garantit pas que quelque chose d’inattendu va survenir. Par contre lancer des dés ou distribuer des cartes pour jouer, voilà des choses qui ne fonctionnent qu’avec le hasard. Ou pas...
Mais où est le hasard dans le fait d’écrire un récit ? Si je dis : écrivez quelque chose à une dizaine de personnes sans leur donner de thème ou d’indication, que vont-elles écrire ? Moi-même me voici laissant libre cours à mon imagination, en train de disserter sur le hasard, comme par hasard.
Tout à coup j’ai envie de compter le nombre de fois où j’ai écrit hasard jusqu’à présent. J’en suis à neuf. Quelque chose me dit de recompter, en fait c’est 10. Hasard ?
Voilà une situation mettant en scène le hasard que je viens de vivre en direct. C’était à la fois étrange et passionnant. Est-ce le hasard qui m’a fait me tromper dans mon compte ? Un clin d’oeil du hasard sans doute !
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RE: Décris-moi un mouton
Il était tombé par terre sans faire de bruit. Un petit papier plié en quatre, attaché par un ruban bleu clair. Elle l’avait regardé quelques secondes, un peu surprise par cette apparition inattendue. Depuis combien de temps était il prisonnier des pages de ce livre ?
La jeune femme l’avait ramassé avec un peu d’hésitation, avait regardé le petit ruban soigneusement attaché et le papier un peu jauni par le temps.
Le hasard… quatre cartons remplis de livres qu’elle avait récupérés dans l’appartement de sa tante Paula partie rejoindre son époux au Paradis, la seule chose qu’elle avait voulu prendre car de toute façon personne n’en avait voulu. Et voilà que le premier livre qu’elle prenait dans le premier carton ouvert lui livrait cet objet étrange et mystérieux. Que pouvait-il bien y avoir à l’intérieur ? Elle était partagée entre la curiosité de découvrir un secret, et la gêne de lire quelque chose qui ne lui était pas destiné.
Elle caressa doucement le papier posé sur la paume de sa main, puis le ruban bleu qui formait une sorte de croix, comme pour demander la permission d’ouvrir, d’entrer sans frapper, par effraction.
Enfin, elle tira avec précaution sur le ruban tout en tenant le papier, et le nœud se défit. Elle le posa sur la petite table qui se trouvait devant elle, le regarda à nouveau, comme attirée par ce bleu pâle, et ouvrit lentement le petit papier, découvrant une écriture régulière, plutôt masculine.
« Mon amour, ma chérie »…
Son coeur se mit à battre tandis qu’elle découvrait l’intégralité du texte. Puis une larme coula sur sa joue, suivie par une autre. Il y avait en tout huit lignes, qui se terminaient par la signature : Jean. Une lettre d’amour avec des mots doux et intimes qu’elle était gênée de lire car ils évoquaient la relation entre deux êtres qui s’aimaient, des phrases charmantes et érotiques, adressées à sa tante Paula. La lettre avait été repliée et le ruban attaché de nouveau, comme pour retenir ce texte à jamais à l’intérieur. La jeune femme en fit de même, puis elle replaça la lettre dans le livre qui était resté ouvert à la même page, un début de chapitre. C’est alors qu’elle remarqua le titre du livre : « Un jour , un amour ».
Souvent elle repense à cette lettre, imagine ce Jean, soldat, qui avait daté ce petit mot du 21 Août 1914, qui sans doute avait donné sa vie pour la patrie, et le chagrin de sa tante qui n’en avait jamais parlé à personne. Elle s’était promis d’en faire de même et avait replacé le livre dans le carton...
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Salut !
Coucou, je suis Ytica, on m'a indiqué le chemin de votre forum, et me voilà ! j'habite dans le 13 au bord de la mer, j'aime discuter de tout et de rien, j'aime les fleurs, les oiseaux, les jeux vidéo, la nature, la politique, et plein d'autres choses.
Voilà pour la présentation, il me tarde d'échanger avec vous sur les nombreux topics que j'ai vus sur votre forum.
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RE: Décris-moi un mouton
Je commence par le premier exercice, la lettre de motivation
Madame Anne-Lise Causse
3 rue Hade
13012 MarseilleMonsieur le Directeur,
Je fais par la présente acte de candidature à votre offre d’emploi pour un poste de secrétaire concernant la gestion de copropriétés. Je suis actuellement à la recherche d’un emploi de cet ordre dans lequel j’ai beaucoup d’expérience. Travailler dans votre agence qui fait partie d’un réseau connu m’intéresse beaucoup et je suis sure que vous serez satisfait de mes compétences en la matière que je me ferai un plaisir de mettre au service de votre société.
En effet j’ai tenu un poste similaire pendant 3 années et je suis donc tout à fait en mesure d’occuper l’emploi que vous proposez. Toutefois, je vous signale que je ne pourrai pas utiliser les logiciels que vous mentionnez car je n’ai aucune connaissance en matière informatique et ne sais pas me servir d’un ordinateur, mais une bonne machine à écrire même ancienne fera très bien mon affaire. Mon orthographe est correct. Le salaire que vous proposez devra toutefois être revu à la hausse.
Ainsi que je l’ai précisé, je ne sais pas utiliser d’ordinateur, il faudra donc une personne qui me lise mes mails et me les imprime, fasse les réponses d’après mes instructions et assure le suivi. S’agissant d’un service de syndic d’immeubles, il faudra aussi que cette personne s’occupe de la gestion des sinistres, des travaux, qu’elle contacte les entreprises et tienne les dossiers d’assurance. En effet, je ne peux pas tout faire.
Dès que je serai embauchée, ce que vous ne manquerez pas de faire j’en suis certaine au vu de mes références, je ferai un tour de vos locaux avec un avocat et un huissier afin de vérifier si tout est bien conforme en matière de sécurité et si rien ne risque de nuire à ma santé car j’ai quelques problèmes d’allergies récurrents.
Enfin, votre agence étant assez distante de mon domicile, il faudra me fournir un véhicule avec chauffeur afin que je puisse faire le trajet en toute tranquillité. Je ne sais pas conduire et je n’ai pas de voiture personnelle, et il m’est difficile de prendre les transports en commun. En effet, la promiscuité avec les autres passagers et ma tendance à attraper le moindre microbe qui passe fait que je n’utilise pas ce genre de transport que je trouve dangereux.
Pour terminer, si vous prenez contact avec mon précédent employeur, la société de transport de fonds Duplouc, avec laquelle mes relations sont conflictuelles, n’accordez aucun crédit à leurs dires à mon sujet car il est totalement faux que je sois impliquée dans la disparition des quelques coffres blindés manquants lors d’un récent convoyage d’espèces.
Dans l’attente de votre réponse qui je le sais sera positive, veuillez agréer, Monsieur le directeur, mes sincères salutations.
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RE: Décris-moi un mouton
Un concours de gastronomie… Non mais qu’est ce que je fais là ? Moi qui sais tout juste faire cuire deux œufs au plat, voilà que je dois revisiter une potée au chou devant des caméras de télévision. Mais pourquoi ai-je accepté ce pari ridicule ?
Alors que je suis dans l'affolement total, la présentatrice qui co-présente avec Cyril Dubac vient me poser des questions pour me déconcentrer, alors que c’est tout juste si je sais que cette passoire en forme de cône s’appelle un chinois… j’ai voulu tenter l’expérience, me voilà dans de beaux draps ! Je réponds n’importe quoi, je vois son regard étonné, j’ai dû dire une bêtise. Bon ça va, elle s’en va embêter un autre candidat. Qui est plutôt mignon. Mai pour l’honneur de la famille Chanoir, je vais aller jusqu’au bout. Oui je sais, j’ai un nom qui n’inspire pas la chance.
Le temps passe. Potée au chou. Je dois revisiter ce truc dont je n’ai pas la moindre idée de comment ça se cuisine. Et l’autre qui arrive avec sa caméra pour filmer ce que je fais. Je suis au bout de ma vie…
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Il reste encore une heure ! Clame Astrid, la présentatrice. Cyril Dubac lève les yeux au ciel.
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Plus qu’une demi-heure ! Le chou que j’ai coupé ou plutôt charcuté cuit avec les saucisses, je crois que j’ai eu la main lourde avec le sel, bref c’est la cata annoncée. Pommes de terre, oignons, ça sent plutôt bon, et visuellement c’est sympa. Un peu de poivre, ma bouteille d’huile d’olive est à moité vide, est-ce que j’en ai trop mis ? Je suis dans un état second, je regarde Stéphane à la dérobée, en résumé je n’ai pas la tête à ce que je fais.
C’est fini. Je suis la dernière, après Stéphane qui a l’air aussi calé en cuisine que moi. Il est vraiment mignon… je suis en train de craquer.
Me voici dehors, traînant la valise à roulettes prêtée par ma sœur. Quelle journée, je suis fatiguée mais finalement même si je n’ai pas gagné j’ai passé un moment agréable et vécu une expérience intéressante.
- On se fait un petit resto ?
Je me retourne, c’est Stéphane. Et nous voilà partis à la recherche d’un restaurant. Au moins je n’aurai pas fait ce voyage pour rien. Il me tarde de le revoir, nous avons échangé nos numéros et nous sommes pris en photo. La potée aux choux ratée n’est plus qu’un lointain souvenir.
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RE: Décris-moi un mouton
Encore quelques minutes… Le train n’allait plus tarder maintenant, juste quelques minutes de retard. A la fois impatiente et inquiète, elle attendait sur ce quai de gare, regardant là-bas tout au bout lumière du soleil comme une promesse, comme un appel. Dans environ deux heures, elle serait loin, sur un autre quai, où l’attendra un bateau. Loin… Loin du tumulte qu’avait été sa vie depuis quelques années, 5 ans exactement. 5 années d’enfer.
Le temps s’écoulait lentement. Elle pensait, elle imaginait. Elle le voyait ouvrir la porte, entrer dans l’appartement, l’appeler de sa grosse voix, la chercher partout, crier, hurler sa rage. Cette rage et cette colère qui avaient rythmé sa vie depuis qu’elle l’avait rencontré.
Le soleil levant éblouissait ses yeux, là-bas au bout du quai. Ce trajet, elle allait le faire dans l’autre sens, celui de la liberté, de sa nouvelle vie. Une autre existence dans un autre pays, quoi de plus normal lorsqu’on veut oublier et repartir de zéro. Quelques voyageurs étaient arrivés, mais son esprit était ailleurs, peu lui importait ce qui se passait autour d’elle, seules comptaient les heures qui allaient suivre. Certes, c’était un peu un saut dans l’inconnu qui l’attendait, mais elle ne reculera pas, elle ira jusqu’au bout.
Le train entra dans la gare silencieusement, puis le bruit de ses roues sur les rails se firent entendre au fur et à mesure qu’il approchait. Il stoppa dans un crissement métallique. Traînant sa valise, elle s’approcha de la porte et monta sans se retourner.
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RE: Décris-moi un mouton
Il avait pris soin de bien fermer la porte. Doucement, sans faire aucun bruit. Dehors, il faisait toujours nuit. Il ne prit pas l’ascenseur et descendit les escaliers jusqu’au rez-de-chaussée.
« Mission accomplie » se dit-il sans aucun état d’âme.
Il sortit dans la rue déserte et partit sur la gauche d’un pas pressé, puis bifurca dans une ruelle mal éclairée qui débouchait sur une petite place. Là, il alla s’asseoir sur un banc mouillé, car il avait plu. Mais peu lui importait. Il resta là un bon moment à écouter le bruit de l’eau que déversait une petite fontaine mal entretenue.
La pression était retombée, son coeur s’était calmé, sa respiration s’était apaisée.
Il sortit un petit carnet de sa poche arrière, l’ouvrit à la page 19, et commença à faire des croix devant une série de lignes tracées d’une écriture méticuleuse. Puis il le referma et le glissa à nouveau dans sa poche. Il fouilla ensuite dans une autre poche à la recherche d’un peu d’argent, car il n’avait rien mangé depuis ce matin. Il ne mangeait d’ailleurs jamais lorsqu’il était en « mission ». Restait à trouver un magasin ouvert où acheter quelque chose à se mettre sous la dent.
Il se leva, traversa la place et avisa une supérette ouverte de nuit. Lorsqu’il en ressortit, le marchand se posa de nombreuses questions sur cet inconnu taciturne qui lui avait acheté deux sandwichs.
Il retourna sur la place et mangea ses deux sandwichs. Dans sa tête défilait tout le scenario des heures écoulées, et un sentiment de puissance, de domination, lui traversa le corps tout entier. Ce sentiment qui lui procurait ce que la vie ne lui offrait pas. Demain, il repartirait au travail, et n’oublierait pas d’acheter le journal . Il savait d’avance qu’on y parlerait de lui. On en parlerait aussi à la télévision, et il imaginait les titres, se demandait comment on décrirait la scène, mais une chose est sure, on saurait que c’est lui.
Il resta sur la place encore un bon moment, puis repartit dans les premières lueurs de l’aube, monta dans un bus et disparut.
Quelque part dans la ville, au 5ème et dernier étage sous les toits d’un vieil immeuble parisien, des policiers et des journalistes s’affairaient dans un petit appartement. Au fond, dans une chambre, on pouvait apercevoir un corps de femme attaché sur un lit, nu, horriblement torturé...
Les journaux étaient déjà en vente dans les kiosques. Les titres disaient à peu près tous la même chose : « le tueur à la croix a encore frappé »... -
RE: Décris-moi un mouton
Au tout début, il n’y avait que des ténèbres, et un bruit assourdissant perdu dans l’immensité de l’espace. Le temps s’écoulait par centaines de milllions d’années tel un ruban infini dans le noir incandescent du feu tourbillonnant et de la matière en fusion.
Tout s’amalgamait et se défaisait, se reformait et se déformait. Un désordre qui petit à petit commençait à s’organiser en annaux, en immenses globes de magma et de glace, en explosions et en collisions. Enfin, un beau jour, tout fut prêt à fonctionner.
- Aaaaahh enfin ! Mais que c’est long, nom de D… euh, nom d’une sardine en boite…
La voix était forte, tonitruante dans le silence des lieux. Le vieillard qui l’avait prononcée semblait sortir d’un ennui profond. Assis sur un siège invisible posé au milieu de nulle part, il caressait sa longue barbe grise, plongé dans une profonde réflexion.
- Bon, où sont-ils donc ces deux nouvaux employés ? Ils devaient être là ce matin pour visiter le terrain, et je ne vois personne. Allons donc voir ça de plus près.
Et hop, une impulsion mentale, et nous voilà sur Terre.
L’endroit était magnifique : une jungle épaisse avec des feuillages luxuriants, des cris d’oiseaux, des hurlements de singes, des fleurs multcolores, des lianes courant d’arbre en arbre. Dans la clarté du soleil matinal, deux personnes arrivèrent, un homme et une femme, complètement nus.
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Toi, dit le vieillard en s’adressant à l’homme, comment t’appelles-tu ?
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Che m’appelle Arthur et che suis un garçon
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Et moi ze m’appelle Fleur, et ze suis une fille
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Ah mince qu’est ce qui a merd… euh qui ne va pas ? Se demanda le vieillard. La fille semble zézayer, quant au garçon, c’est le contraire il appuie trop sur le J.
La question attendait une réponse… Le temps passait, passait, les deux « employés » s’étaient endormis, et le vieillard cherchait toujours le moyen d’arranger ce défaut de prononciation. A court d’idées, il leur offrit chacun un crayon, bleu pour le garçon, rose pour la fille, c’est tout ce qu’il avait sous la main.
- Entrainez vous à parler avec ce crayon entre les dents jusqu’à prononcer un J parfait. Je reviendrai pour vérifier vos progrès… Et le vieillard disparut. Depuis, personne ne l’a revu.
Arthur et Fleur se regardèrent et éclatèrent de rire.
- Je te l’avais bien dit ma petite Fleurette, tu vois il nous a crus et il est parti sans nous faire signer l’état des lieux. Maintenant, cette planète nous appartient. Tiens, voici ta feuille de vigne, allons nous installer !
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RE: Décris-moi un mouton
Sa tasse d’expresso posée sur la table en bois, Madeleine feuilletait un vieil album de photos dont certaines très anciennes étaient presque estompées. Son regard s’était arrêté sur l’une d’entre elles que son doigt caressait doucement en formant des ronds. Sa pensée était comme arrêtée sur cette photo qui représentait une jeune femme assise sur un muret au bord de la route. A côté d’elle, une dizaine de moutons à la recherche de quelques brins d’herbe. Sous la photo, un prénom, presque indentique au sien, écrit à l’encre noire : Madeline. Et quelques mots d’une écriture différente rajoutés juste en dessous : assassinée par… le nom avait été effacé.
Un homme entra dans la pièce, et la jeune femme referma l’album.
- Encore cette photo ? Dit-il d’une voix amusée
La jeune femme ne répondit pas. Elle laissa son cousin dans le salon et sortit de la maison. Dehors le soleil brillait de mille feux. Elle fit quelques pas sur la route et aperçut un coquelicot parmi les herbes. Elle faillit se piquer à une ronce en voulant le toucher et renonça à le prendre.
Elle partit en direction du village, arriva devant l’église, puis continua. Elle ne venait jamais promener de ce côté mais inconsciemment quelque chose la poussait à s’y rendre. Elle passa devant la descente qui menait à la fontaine miraculeuse. Elle y était allée une fois lorsqu’elle était enfant et des images lui revinrent en mémoire, mais elle poursuivit son chemin.
Comme elle s’éloignait du village, dont on apercevait toujours la tour tout en haut, l’air se rafraîchit soudain et le ciel s’assombrit. Arrivée à un tournant, elle se rendit compte qu’elle se trouvait exactement à l’endroit où la jeune bergère avait été photographiée. Le muret avait été refait depuis, mais c’était bien à cet endroit qu’elle était assise. Il faisait vraiment froid à présent alors qu’on était en plein mois d’Août, et elle entendit un grondement de tonnerre. Madeleine décida de faire demi-tour car l’orage menaçait, et c’est alors qu’elle vit un coquelicot d’un rouge intense comme du sang qui avait poussé près du muret, à l’endroit où s’était trouvée la jeune fille de la photo. Elle se pencha et le cueillit. A ce moment-là, une voix murmura : « merci ».
Rêve ? Réalité ? Vision ? Madeleine ouvrit la main, et le vent dispersa les pétales de la fleur. Qui avait été son guide pour la mener jusqu’ici ? Elle ne le saura jamais, mais elle se sentit soudain sereine, comme délivrée d’un poids, d’une charge qui la hantait depuis des années, depuis qu’elle avait découvert la photo de cette inconnue dans cet album. Plus tard dans la soirée, lorsqu’elle le rouvrit, la photo avait disparu...
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RE: Partages divers Humour
Quand les jeunes mécaniciens vous demandent comment vous faisiez les réglages avant les ordinateurs portables, montrez-leur ceci !
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RE: Décris-moi un mouton
Le ciel était couvert. Au loin on entendait le bruit de la bataille que se livraient les soldats depuis des jours. Terrée dans une cabane de bergers, Lila porta la main sur son corsage et en sortit une enveloppe toute froissée. Elle la regarda quelques instants, relut le nom et l'adresse qui y figuraient et qui étaient les siens. Puis, lentement, elle prit la lettre qui était à l'intérieur et qu'elle déplia soigneusement. Elle relut le texte qu'elle connaissait par coeur.
Elle ouvrit un tiroir du petit meuble qui se trouvait à côté de son lit et prit une feuille de papier et un crayon, car c'était tout ce qu'elle avait sous la main. Oh, ce n'étaient pas un échange épistolaire entre philosophes, mais des lettres d'amour qu'ils s'envoyaient, ces deux-là, comme tant d'autres en ces moments terribles. Ce n'était pas une simple amourette, ils s'aimaient sincèrement et tendrement. Elle s'apprêtait à écrire lorsqu'un homme en tenue militaire entra en trombe dans la petite maison. D'un geste il lui fit signe de ne pas parler. Il s'approcha d'elle et lui dit juste ces mots :
- La paix vient d'être signée, mais "les autres" ne veulent rien savoir. Nous devons agir pour les neutraliser et en finir, ça va être dur, ne bouge pas d'ici.
En effet, l'ennemi était redoutable et déterminé. Les soldats étaient fatigués, épuisés, mais ils tenaient bon. Aucun bataillon n'avait pu passer les lignes pour leur permettre au moins de se reposer en remplaçant les hommes à bout de force. Le bruit se rapprochait. Dans les tranchées, la confusion était totale, mais pourtant les choses s'arrangeaient, car l'ennemi semblait à court de munitions. Le ciel commençait à se découvrir.
A la faible lueur d'une lampe à pétrole, elle prit son crayon et commença à rédiger sa lettre, d'abord la date, puis ces mots : "Charles, mon amour adoré, je...
Lorsque l'homme revint à la cabane, accompagné de deux autres soldats, ils virent la jeune femme allongée sur le lit, ses doigts tenant le crayon, la lettre tombée au sol. Ses yeux étaient clos, comme si elle dormait, mais on apercevait une petite tache rouge sur sa sa robe blanche et rose, juste à l'endroit où elle gardait la lettre de son amoureux, sur son coeur. Un fin rayon de lumière filtrant par un petit trou dans le volet, juste en face, s'y était posé. C'est par ce petit trou qu'avait pénétré la dernière balle du combat...
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RE: Décris-moi un mouton
Rencontres
Elle s’était assise sur un banc, sous un grand platane. Sa canne posée à côté d’elle, elle regardait les papillons et les abeilles butiner les fleurs multicolores qui se trouvaient juste en face d’elle. Loin de l’effervescence de la ville, c’était son parc, son lieu de quiétude où elle venait s’asseoir tous les jours avec son petit chien qui ne la quittait jamais.
Depuis le décès de son époux, il y a 6 ans, elle vivait dans la solitude. Les jours qui s’écoulaient se ressemblaient tous, monotones et ordinaires.
Elle prit un livre dans son sac et, après avoir mis ses lunettes, elle chercha son marque page et se plongea dans sa lecture.
Et puis il était venu s’asseoir près d’elle...
- Je ne vous dérange pas ? Avait-il demandé poliment en posant sa casquette sur ses genoux. Elle avait répondu tout aussi poliment : -non je vous en prie.
Puis la conversation s’était engagée. Elle ne l’avait jamais vu dans le parc auparavant. Il était très élégant et avait un léger accent parisien. En tandis qu’elle l’écoutait, son esprit vagabondait en l’écoutant parler de sa jeunesse. Ah, le pouvoir des mots, cette magie qui vous fait voyager rien qu’à l’évocation d’un lieu, d’un pays, d’une fête d’anniversaire passée, toutes ces choses que l’on croit parties en fumée mais qui revivent dès qu’on les évoque.
Elle l’avait écouté raconter sa vie pendant une heure, sans oublier un seul détail, puis il s’excusa de l’avoir dérangée avec ses souvenirs, remit sa casquette sur la tête, la salua et s’éloigna. De nouveau, elle se retrouva seule avec son livre et son chien qui dormait à ses pieds. Cette rencontre imprévue lui avait un moment fait oublier son âge, et elle s’était sentie comme la jeune femme qu’elle était autrefois. Il s’appelait Bernard, et avait su troubler son coeur après toutes ces années.
- A bientôt ma chère Elise, lui avait-il dit en partant.
Alors qu’elle reprenait sa lecture, elle sentit une présence près d’elle. Elle leva les yeux et aperçut un petit blondinet qui devait avoir 6 ou 7 ans, une fleur jaune à la main.
- Tiens madame, c’est pour toi, lui dit-il en lui tendant la fleur.
Elle la prit et la mit délicatement dans les pages de son livre sous le regard heureux du gamin.
- Eh bien, c’est ma journée de drague, dit-elle en souriant.