Et si on s'échangeait des poèmes et des jolis mots ?
-
Les rêves
ANNA DE NOAILLESLe visage de ceux qu’on n’aime pas encor
Apparaît quelquefois aux fenêtres des rêves
Et va s’illuminant sur de pâles décors
Dans un argentement de lune qui se lève.Il flotte du divin aux grâces de leur corps
Leur regard est intense et leur bouche attentive ;
Il semble qu’ils aient vu les jardins de la mort
Et que plus rien en eux de réel ne survive.La furtive douceur de leur avènement
Enjôle nos désirs à leurs vouloirs propices,
Nous pressentons en eux d’impérieux amants
Venus pour nous afin que le sort s’accomplisse ;Ils ont des gestes lents, doux et silencieux,
Notre vie uniment vers leur attente afflue :
Il semble que les corps s’unissent par les yeux
Et que les âmes sont des pages qu’on a lues.Le mystère s’exalte aux sourdines des voix,
À l’énigme des yeux, au trouble du sourire,
À la grande pitié qui nous vient quelquefois
De leur regard, qui s’imprécise et se retire...Ce sont des frôlements dont on ne peut guérir,
Où l’on se sent le cœur trop las pour se défendre,
Où l’âme est triste ainsi qu’au moment de mourir ;
Ce sont des unions lamentables et tendres...Et ceux-là resteront, quand le rêve aura fui,
Mystérieusement les élus du mensonge,
Ceux à qui nous aurons, dans le secret des nuits,
Offert nos lèvres d’ombre, ouvert nos bras de songe. -
L'ARBRE
PAR ANTONIN ARTAUDCet arbre et son frémissement
forêt sombre d'appels
de cris
mange le cours obscur de la nuitVinaigre et laits le ciel la mer
la masse épaisse du firmament
tout conspire à ce tremblement
qui gîte au cours épais de l'ombreUn cours qui crève un astre dur
qui se dédouble et fuse au ciel
le ciel limpide qui se fend
à l'appel du ciel sonnant
font le même bruit font le même bruit
que la nuit et l'arbre au centre du vent.Antonin Artaud
Nature -
Dans un dictionnaire, il est écrit que
«l'amour est un mouvement,
une affection, de la tendresse».Je m'efforce de comprendre comment ça peut
disparaître
et je tourne en boucle dans ma tête
la certitude que
si ça se perd,
ça se retrouveun coeur ce n'est pas une lumière
avec un interrupteur.Il doit bien rester quelque chose
par terre.
Si je cherche assez fort, je finirai bien
par le voir, le reste d'amour à faire pousser
dans un bocal avant de le restituer.
Il faudra attendre une bonne grosseur, la bonne couleur,
ce sera «mon précieux».
Ce sera leur surprise.
Jardinier de parents heureux.Je rampe sur le sol et pose des pièges,
élabore des plans à même le plancher,
ma mère crie que je fais lever la poussière.
Je lui réponds que l'air vide de notre appartement a besoin
de cette décoration,
qu'à défaut de nous avoir,
je m'entoure des particules de nos peaux mortes,
des restes de déjeuner et de nos jeux dehors,
avant que le vent ou le ménage emporte vraiment tout.Elle a ouvert la douche pour pleurer tranquille,
elle fait toujours ça en pensant que je ne le sais pas.Pendant ce temps-là, je me sens un peu mal,
mais me semble que j'ai droit
d'avoir de la peine,
des larmes,
une colère bien à moi.Aujourd'hui, je ne ferai pas le ménage de ma chambre.
Véronique GRENIER
Canadienne, Enseignante en philosophie, auteure, chroniqueuse, militante -
Les feuilles
Comme une fine palette de couleurs qui évolue au fil des saisons, des pierres précieuses sont accrochées aux fiers piliers, les élèvent vers les cieux… Ces petits grains et petits boutons de vie au printemps s’épanouissent pour devenir des émeraudes en été et des rubis en automne. Lorsque la brise s’éveille, ces joyaux chantent en chœur le son de la liberté.
Certains se détachent, lâchent prise et s’envolent, légers et fluides, dansant entre ciel et terre.
Les joyaux affaiblis, de couleur ocre, qui ne peuvent plus danser parmi les leurs, prennent un nouvel envol quand les enfants, de leurs mains délicates, prennent une poignée de ces pierres précieuses et les éparpillent dans les airs.
L’hiver où tout n’est que neige, les joyaux ne sont plus. Ils meurent aux yeux des uns, agonisent aux regard des autres. Mais regardez de plus près et vous les verrez au sol, recouverts par une fine couche de cristaux de glace, à peine visibles à l’œil naïf de l’imprudent qui, d’un pas pressé et agacé, effectue la performance d’un patineur ne sachant pas patiner.
Anna Couloumy
-
J'ai retrouvé ce poème de Jean Villard (Gilles)
Le Mot de Cambronne
On nous dit qu’il est de Cambronne.
C’est bien possible, mais voilà
Très sincèrement je m’étonne
Que notre humanité bougonne
Ait pu s’en passer jusque-là.Souvenez-vous des temps d’Homère !
Homère d’alors, quel mordant
T’eût donné ce mot légendaire
Si tu avais, grand visionnaire,
Pu te le mettre sous la dent !Que serait donc notre existence
Si nous devions nous en passer ?
N’est-il pas bon français de France,
Riche en couleurs, riche en nuances ?
Essayez de le remplacer,Par exemple, sortant de table,
Quand, ayant abusé, hélas,
Par trop de nectars délectables,
Dans une obscurité du diable,
Vous tombez sur un bec de gaz !Vous le lâchez, ça vous soulage,
Vous ne sentez plus la douleur.
Ah ! Messieurs, le bel avantage,
Quel secours, quel appui ! J’enrage
Quand je vois d’austères censeursAux visages de funérailles
Vouloir nous ôter ce trésor,
Ce cri – jailli sous la mitraille –
Du fond des humaines entrailles
D’un héros marchant à la mort !Il peut tout dire : ardent, lyrique,
Tendre ou sec, placide, enragé,
Plébéien, aristocratique,
Il est à nous, il est unique,
Ils ne l’ont pas à l’étranger !Je le vois, rocher solitaire,
Car de tous les mots que l’on sait
Il est presque seul, sur la terre,
À ne pas avoir, ô mystère,
De rime dans les mots français.Si, une seule, le mot : perde…
Là devant, je me sens perdu,
Car il faut une rime à perdre,
Maintenant, et je n’ai que…
Pardon…ce fut sous-entendu !Pourtant cet illustre vocable,
Je voudrais que, par un décret,
Il fût, en ces temps misérables,
Dont la cruauté nous accable,
Mis en quelque sorte au secret,Afin qu’au fond de ce silence,
Tendant lentement ses ressorts,
Accumulant force et puissance,
Se chargeant d’âpre violence,
Au nom des vivants et des morts,Il puisse, un jour, jaillir, sublime,
Du cœur des peuples outragés,
Tendres moutons, pauvres victimes,
Rejetant dans les noires abîmes,
D’un seul coup, leurs mauvais bergers !Cri vengeur, cri pur, cri superbe,
De l’éternelle humanité,
Que nous leur jetterons en gerbe,
Quand, enfin, nous leur dirons : MERDE !
En saluant la Liberté ! -
"Être avec des gens qu'on aime, cela suffit ; rêver, leur parler, ne leur parler point, penser à eux, penser à des choses plus indifférentes, mais auprès d'eux, tout est égal."
️
Jean de La Bruyère (1645 - 1696)
-
-
@pompon : la canicule te fait retomber en enfance, mon cher Pompon
.
Vite, va te réhydrater en château la pompe.
-
@ayamé un petit retour en enfance cela fait pas de mal
quand à la canicule j'ai un peu trop était optimiste
aujourd'hui il à fait la journée la plus chaude chez nous
encore 37° et cet après midi il à fait certainement plus de 40° -
Prolonger des adieux ne vaut jamais grand chose ; ce n'est pas la présence que l'on prolonge, mais le départ.
-
"L'esprit s'enrichit de ce qu'il reçoit, le cœur de ce qu'il donne." (Victor Hugo)
-
-
@pompon
C'est ça ouais...alors pourquoi on appelle l'étape finale du baiser "la grossesse" ?
-
@jool
Tout dépend de qui tu reçois le baiser... -
@jool a dit dans Et si on s'échangeait des poèmes et des jolis mots? :
@pompon
C'est ça ouais...alors pourquoi on appelle l'étape finale du baiser "la grossesse" ?L'étape finale est tout de même assez éloignée de la grossesse qui entame alors une étape à 3, ponctuée par une métamorphose en vue d'un voyage plein d'aventures...
-
@Cygoris : joli
.
-
"Il est des amitiés si profondes qu'en se voyant pour la première fois, on semble se reconnaître." (Alfred de Musset)
-
Les amis sont des crayons de couleur :
ils égayent les jours un peu gris. -
@Melodia @agathe Je ne peux que confirmer
-
"Plus je connais les hommes, plus j'aime mon chien." (Pierre Desproges)