De toute évidence, la notion de blasphème (et son corollaire en France, le droit au blasphème) est plus compliquée qu'on voudrait bien le croire au premier abord.
Est-ce qu'un non-croyant peut commettre un blasphème? Du point de vue du religieux, oui. Du point de vue de la société laïque, plus difficilement. Mais outre les règles religieuses, le blasphème peut toujours être reconnu comme un phénomène social objectivement observable, donc de ce fait, tout le monde peut commettre un blasphème à partir du moment où quelqu'un le percevra comme tel.
Ensuite, sur la frontière entre droit au blasphème et simple manque de respect envers des croyants, c'est compliqué aussi. Comme ça a été dit plus tôt, certains voient du racisme là où il n'y a que du blasphème. D'un autre côté, il existe aussi des gens qui parlent de blasphème là où on peut très bien voir du racisme.
De plus, vu qu'on est dans un pays qui pratique la liberté d'expression, il faut accepter que quand on prend position, on peut tout à fait se faire critiquer, même si la prise de position n'a rien d'illégal ou d'illégitime. Donc même s'il existe un droit au blasphème qu'il faut protéger, les croyants sont tout à fait en droit de critiquer certaines pratiques du blasphème. Et il se peut que parfois ils aient raison, quand le blasphème est utilisé juste pour le plaisir de choquer gratuitement, ou pire, qu'il sert à cacher un discours plus douteux (raciste, antisémite ou autre).
La question n'est donc pas vraiment de se demander si on peut blasphémer, mais pourquoi on le fait. Et généralement, la réponse "parce que j'ai le droit" n'est pas franchement suffisante.
Je ne vais pas faire la liste des situations où ils opportun ou non de blasphémer, ce n'est pas à moi de distribuer les bons points, mais on peut quand même reconnaitre que le blasphème peut parfois être pratiqué pour de mauvaises raisons, et surtout que le blasphème n'est pas une fin en soi. Et comme toute bonne chose, il peut être mal utilisé et dévoyé.