La porte en bois s’était ouverte en grinçant. Steph, Aurore et Santa, trois amis d’enfance, regardèrent à l’intérieur avec un peu d’appréhension, mais ils étaient tous décidés à explorer cette vieille maison abandonnée perchée sur les hauteurs du village. Seul Steph semblait prendre la chose gaiement et plaisantait. C’était un jeune homme audacieux et rusé à qui rien ne faisait peur. La brume avait envahi les lieux et l’air était humide et pesant. Un vent léger caressait de son souffle le visage des jeunes gens en quête d’aventure. Ils entrèrent et refermèrent la porte. Après avoir traversé le hall en s’éclairant de lampes torches, ils se dirigèrent vers un escalier en pierre qui menait au premier étage. Partout régnait un certain désordre mais tous les meubles étaient en place, avec encore des affaires et des objets à l’intérieur ou posés dessus. La vie semblait s’être arrêtée subitement, à une époque qu’on peut situer vers 1900.
Ils avançaient, chuchotant quelques mots dans le silence de ces lieux abandonnés. Des plantes s’étaient frayé un passage à travers les persiennes fermées et envahissaient parfois les murs en passant par une vitre cassée. Les deux filles n’étaient pas trop rassurées car Steph s’était mis à parler du fantôme d’un instituteur qui était censé hanter les lieux. De longues minutes s’écoulèrent pendant que se déroulait la visite qui prenait des allures d’enquête puisque ledit instituteur était décédé dans des circonstances bizarres. Aurore sentit quelque chose effleurer son visage. Elle se retourna mais vit qu'elle était seule.
- Qu’est ce que c’est ? c’est toi Steph ? Où êtes vous passés ? C’est pas drôle, où êtes vous ?
Pas de réponse. Seul un bruit étrange, une sorte de RRRhhhaaaaaa, lui parvenait d’une porte ouverte au fond d’un couloir. Pensant que ses amis lui faisaient une blague, elle se dirigea vers cette porte et entra dans une chambre où se trouvaient deux lits anciens et du mobilier, des cadres aux murs, et des objets divers. Contrairement au reste de la maison, ici tout était absolument impeccable, bien rangé, les lits étaient faits.
RRRRhhhaaaaaaa….
Elle s’apprêtait à ressortir lorsqu’elle aperçut une sorte de nuage qui se levait de l’un des lits. Une vague chose évanescente entourée d’une aura rougeâtre qui évoquait une personne et qui disparut, la laissant figée sur place, terrorisée. Sans perdre de temps elle sortit de la chambre et dévala les escaliers, retraversa le hall et se rua sur la porte d’entrée qu’elle ne parvint pas à ouvrir. Coups de chaises, table en guise de bélier, rien n’y faisait. Les persiennes aussi étaient impossibles ouvrir, et ses appels restaient lettre morte. Impossible également d’appeler de l’aide, aucun réseau sur son téléphone.
C’est alors qu’une forme grisâtre, à la peau d’aspect ligneux, s’approcha d’elle, la plaqua contre le mur et posa puissamment ses mains sur ses épaules, la fixant de ses yeux profonds et noirs. Impossible de bouger, cette forme aux allures démoniaques semblait l’attirer irrésistiblement en elle, l’absorber, la diluer, avec une sorte de chuchotement rauque incessant : RRRhhhaaaaaaaaa…. Elle essaya de résister, mais elle pouvait à peine remuer, comme paralysée. Alors, décidée à lutter, elle leva péniblement ses mains à hauteur du visage de cet être dont la bouche s’ouvrait sur une sorte de trou noir, et elle fit le signe de la croix avec ses index.
Le calme revint. L’être avait résisté quelques secondes puis avait lâché prise et avait disparu dans un hurlement effrayant. Aurore vit alors que la porte était grande ouverte. Elle se précipita dehors. Il y régnait une sorte de paix surnaturelle, un silence total et absolu. Dans un état second, elle redescendit vers le village.
Le temps passa… Personne ne revit jamais Santa ni Steph…