Décris-moi un mouton
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Envie d'écrire un 2e texte, alors le voici .
Rien ne serait arrivé si je n'avais pas loupé ma correspondance, se dit-il en repensant aux propos qu'il lui avait adressés par écrit pour rétablir une communication pratiquement réduite au point mort.
Ils étaient emprunts d'emphase, voulant donner de lui l'image d'une personne sympathique, mais elle ne s'était pas laissée impressionner par ses mots doucereux parce qu'ils ne dégageaient pas la moindre once de sincérité. Comme dit l'adage : trop poli pour être honnête. Il aurait dû se douter qu'on ne transforme pas si facilement une colombe ou une hirondelle en dindon ( de la farce ). Maintenant, il ne se posait qu'une seule question : comment se sortir de cette mauvaise passe...
Elle n'avait certes pas fermé la porte, mais ne la laissait pas grande ouverte non plus. Alors, quelle attitude adopter désormais pour que reviennent sérénité et bienveillance de bon aloi ? Se sentait-il seulement capable de faire son mea culpa en toute humilité, sans se la jouer grand seigneur ?
A propos d'adage encore une fois, ne dit-on pas : à tout seigneur, tout honneur ?
Mais n'est pas seigneur qui veut...Sous le coup de l'impulsivité, il avait écrit une phrase malheureuse dont il aurait vraiment mieux fait de s'abstenir !
Il finit par se dire : je vais laisser passer le temps puisque Léo Ferré chantait avec une impitoyable lucidité :" avec le temps va, tout s'en va ". Aprés tout : personne n’est sûr de rien. Tout est si provisoire...
( Peut-être en rapport avec une partie de ma vie personnelle, peut-être pas, cela n'est pas dit dans la chanson ). -
@ayamé Wow quelle pêche ! Et dire que j'ai encore pas commencé mon texte. J'ai honte !
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@Kachina : bon, je voulais laisser planer le mystère, mais je vais avouer : j'ai voulu faire une suite au texte de @Hilda-Van-Holp en me mettant dans la peau du mari . La phrase malheureuse, c'est : " chérie, tu m'es indispensable "...ah ouais, genre comme maîtresse de maison et à l'occasion maîtresse tout court ?
Alors Hilda, aurons-nous l'occasion de poursuivre l'histoire de ce couple ? " Un journal à 4 mains " en réf à Benoîte et Flora Groult, 2 féministes talentueuses, l'avenir nous le dira . -
Rien ne serait arrivé si je n'avais pas loupé ma correspondance...
Elisa regardait défiler le paysage par la fenêtre du train. La tête appuyée contre la vitre, elle ne savait plus...
Quelques minutes auparavant, elle marchait de long en large sur le quai de la gare, furieuse et stressée en pensant à son rendez-vous, un entretien d’embauche qu’elle allait peut-être manquer…
Elle avait tenté en vain de joindre le numéro de son correspondant mais c’était impossible. Aucun réseau, plus de date, rien sur l’écran...
- Madame, c’est quoi cette chose ?
Elle tourna la tête et aperçut un fillette d’une dizaine d’année qui désignait son portable.
- C’est mon téléphone !
C’est là qu’elle vit le regard étonné de la gamine. Elle était habillée d’une drôle de façon et portait un manteau démodé. Quelques unes des personnes qui étaient sur les quais portaient également des vêtements et des chaussures qui sembler dater de quelques années.
Finalement le train suivant était arrivé, un drôle de train jaune et vert dont les roues crissaient sur les rails avec un bruit à faire dresser les cheveux sur la tête. Elle était montée et s’était assise en face d’une vieille dame accompagnée d’un jeune homme d’une trentaine d’années. Il régnait une drôle d’odeur dans le wagon. Les voyageurs étaient calmes, silencieux. La dame et le jeune homme semblaient se connaître et discutaient, l’air grave.
- Et votre frère, demanda la dame, vous avez des nouvelles ?
- Non hélas, rien depuis que les allemands l’ont emmené je ne sais où pour le STO.
- J’espère que vous allez le revoir maintenant que cette sale guerre est terminée…
Allemands ? Guerre ? STO ?
De longues minutes angoissantes s’écoulèrent. Finalement, n’y tenant plus, Elisa risqua une question.
- Excusez-moi madame, j’ai des problèmes de mémoire, nous sommes quel jour de quelle année ?
La vieille dame et le jeune homme la regardèrent, l’air étonné.
- On est le 26 Novembre 1945...
Elisa regardait défiler le paysage par la fenêtre du train. La tête appuyée contre la vitre, le sourire aux lèvres, elle regagnait sa maison, son contrat de travail bien au chaud dans son sac...
Personne n’est sûr de rien. Tout est si provisoire...
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La déception ne tue pas, elle enseigne Rien ne serait arrivé si je n'avais pas loupé ma correspondance se dit Marylou en envoyant valdinguer son sac sur le lit.
A croire que depuis l’enfance, elle pratiquait une sorte de don à l’envers : éviter la bonne solution, se plonger dans un rêve et refuser d’en sortir.
Ce jour là, pourtant , la réalité avait rejoint son rêve le plus fou, Marylou sautillait , se frottait les mains , son trésor sous la main , elle avait rendez-vous avec un éditeur .
Elle avait voulu faire un truc un peu classe, qui sorte de l’ordinaire. Des nuits entières, elle s’était mise à écrire, avec rien dans la tête , avec rien dans la plume, mais avec un sourire sur la feuille blanche . Ca l’amusait d’écrire pour ne rien dire, pour dire le rien, pour dire le vide.
Elle s’était donc mis à écrire des mots en cercle bien alignés sans ponctuation parce que Marylou était convaincue que la ponctuation n’est rien d’autre qu’une épée qui décapite une phrase aussi oublia-t-elle délibérément de ponctuer ignorant les virgules et les points elle trouvait que c’était plus naturel car un écrivain se doit de rester vrai et impressionnant il a le devoir de faire vibrer les mots les aligner les faire glisser comme le vent et les chérir comme ça on peut les lire d’une traite en apnée sans respirer sans se relire histoire de figer les images dans sa tête respirer c'était comme prendre le risque de faire éclater le rêve comme une bulle de savon et puis à la fin reprendre enfin son souffle expirer et se sentir mieux
Transportée, animée d’une brûlante, audace, voici, Marylou toute fière, et très sûre d’elle, dans le bureau du fameux éditeur. ; l’excitation est à son comble. A cet instant, elle ignore encore pour combien de temps.
*- Prenez place chère Marylou. Je ne vous cache pas que votre manuscrit a suscité un grand intérêt au sein de notre comité de Lecture
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Que d’honneur. Grand grand merci ! Vous m’en voyez ravie.
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Ne le soyez pas tant que ca : je vais aller droit au but . Que les choses soient bien claires ; je ne veux prendre aucun risque par les temps qui courent
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Mais comment ça ? essayez-vous de me dire que …
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Vous avez tout compris, je ne suis hélas pas en mesure de vous publier. Je ne vous apprends rien : les gens lisent de moins en moins . Sans doute en ont-ils marre de ne plus trouver de quoi s’évader
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Pourtant j’ai travaillé dur sur ce concept hors du commun. J’étais sûre qu’il vous interpellerait
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Suis désolé ! Allez ! Marylou. Courage ! Surtout ne désespérez pas ! croyez moi! personne n’est jamais sûr de rien , tout est si provisoire.*
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@Kachina Je rassure "marylou", elle vient juste d'être publiée aux Edition du PopcornFr
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Rien ne serait arrivé si je n'avais pas loupé ma correspondance.
Oui car être connecté avec tout le monde est une obligation aujourd'hui.
Si tu ne suis pas l'état du pays ou celui du monde t'es un attardé et pire, si tu ne réponds pas à tes messages t'es un rustre. Je suis classe S moi et ce depuis mon enfance. On m'a appris à me désintéresser des infos que je juge inutiles. On me dit que l'être vit heureux lorsque sa tête est légère. Et moi j'ai appliqué cela à la lettre, en rejetant tout. Je voyais mes camarades parler des films Disney puis des infos puis des séries, des artistes... Et dans ma tête, je galopais avec un léopard dans les savanes.
Toute ma vie je l'avais passée déconnectée des autres, je redescendais quand je voulais pour remonter vite dans ma tour d'ivoire.
Vint un jour où je devais faire des relations, entretenir des correspondances... Bref avoir toujours la tête sur les épaules. Du coup, mon cerveau fit un bug. Je loupais des réunions, entremêlais des conversations. Je me trouvais un jour fixant une date d'opération pour un parent (sain) et envoyant un texto vraiment grossier pour mon supérieur au lieu de ma sœur. Vous vous dites quelle étourdie, je vous dis moi que c'est pas ma faute si mon cerveau ne peut s'occuper que d'une chose à la fois.
Je suis devenue la risée de mon entourage et c'est un sujet qui, ma foi, leur plaisait énormément. On ne fait plus confiance à moi et on me traite parfois de débile. Et le comble lorsque je me révélais ignorante de la plupart des évènements du monde. Par les caleçons de Merlin! Que diable vais-je faire de la guerre en Ukraine ? Et celle d'Israël ? Cela ne prendra que de la place dans mon précieux cerveau, du superflu qui bouchera mes canaux de réflexion.
Peut-être qu'en fin du conte tout ce récit n'est qu'une incohérence de mon esprit tordu ou des hallucinations et ce que je vis n'a aucune liaison avec ce que je crois vivre. Je vois devant moi les structures torturées des lipides défilant comme des mannequins chacune exhibant ses vêtements atypiques, et moi je me démène à les apprendre.
Peut-être qu'un jour tout cela finira et dans les bras de la délivrance je me jetterais.
Personne n'est sûr de rien. Tout est si provisoire.
pensées d'une étudiante dérangée -
@Katorz ouf !
@cupide sois rassurée , être déconnectée , ne pas faire, ne pas penser comme tlm n'implique certainement pas d'être une débile, une attardée, ou de faire la risée. J'appelle ça la "différence" tout simplement .
Conte ou pas, j'aime bien ce que tu viens d'écrire. Et je suis toujours contente que tu nous rejoignes.Dites les Plumes , vos valises sont-elles prêtes ? On va décoller dans peu de temps .
Je reviens dans quelques minutes.--------------- @agathe @ayamé @music @cupide @ytica @Artelise @Melodia @Hilda-Van-Holp @Katorz @Dindon
Vos textes , aussi variés qu'originaux, m'ont prouvée que vous avez bien aimé ce petit exercice et que vous y avez pris beaucoup de plaisir . Je vous remercie encore et encore d'être là, présents, assidus et motivés. C'est un pur bonheur et une jolie preuve de reconnaissance.
On poursuit avec autant d'engouement .
“Quand la bouche dit : oui, le regard dit peut-être.”
Victor Hugo / Ruy Blas]*Vous l' aurez compris, cette fois ci nous partons sur le thème du REGARD, je propose donc le premier mot " Reflet et vous laisse décider de la suite .
Belle fin de soirée à tous. Et à demain pour la récap
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@Kachina mon mot : âme
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Pour moi, le mot sera yeux
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expression
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Mon mot sera torve
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Je propose : voile ou voilé, plaçons l'un ou l'autre selon le contexte de la phrase qui le contiendra .
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je ne proposerais pas de mots parce que je trouve que ça ferait trop de contraintes en plus de celle du thème
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A porté de main, une brochure (en allemand).. j'ouvre au hasard. En gros, en milieu de page, un mot : Pflege.. que l'on peut traduire par "Soin"
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@Hilda-Van-Holp pas de souci c'est toi qui vois , mais y'a des tas de mots et des verbes qui peuvent coller au thème
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le mot feu pourrait se placer dans le thème.
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@Katorz absolument surtout pour évoquer un regard "incendiaire"
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Une petite récap Feu - soin - voile(voilé) - torve - expression - yeux - âme - reflet Et c'est parti ! -
C'est parti mon kiki, je vous ouvre le bal des mots .
Nul besoin de mots pour savoir qu'aujourd'hui, il était de très méchante humeur !
Les reflets aussi noirs que la suie dans ses yeux déjà naturellement sombres révélaient un regard dont l'expression torve à souhait ne laissait aucun doute quant à la colère qui animait autant son coeur que son âme.
On pouvait nettement percevoir le feu qui ravageait tout ce qu'il y avait de bon, de clément, de bienveillant en lui.
Il était évident qu'en ces terribles instants, il fallait prendre soin de ne surtout pas le contrarier : son ego, à l'évidence, ne souffrirait pas la moindre frustration...
Alors, sans fards ni voiles, sachant bien qu'ils ne me seraient d'aucune utilité pour échapper au châtiment auquel le professeur ne manquerait pas de me soumettre, je décidai de faire profil plus que bas en baissant les yeux sur ma copie...cette fameuse copie qui m'avait valu un zéro pointé parce que je n'avais pas respecté les consignes !
S'était-il seulement demandé si ce n'était pas par insolence, mais bien par mauvaise compréhension de celles-ci, que j'avais écrit écrit toutes ces choses qu'il jugeait impertinentes ?
Ce qui me faisait le plus rager, c'est que je ne pouvais même pas m'en expliquer : j'étais de facto jugée, condamnée et bientôt exécutée !
Mais, instant de grâce dans cette pitoyable scène, mon amie assise à côté de moi, discrètement sous la table, me prit la main en signe de soutien. Elle a serré mes doigts, j'ai ressenti toute son empathie et son affection à mon égard et là, je me suis dit : l'amitié est vraiment un bouclier magique contre les aléas de la vie.