Pépé, pendant que tu vas cueillir les artichauts, je monte à l'étage voir si tout est bien descendu...
Et pépé s'en va avec son panier sous le bras, ses artichauts violets l'attendent.
Pendant ce temps, je monte au grenier. Enfin, pour être exacte, j'entre d'abord dans la chambre. J'y dormais chaque soir lorsque j'étais en vacances chez Pépé et Mémée. Et de cette chambre on accède ensuite à la partie grenier, isolée seulement par des cartonnages.
La chambre est bien vide, plus qu' un bon coup d'aspirateur à passer. Je pousse la deuxième porte : le grenier est vide aussi... Il ne reste plus rien de mes souvenirs de petite fille. Comment vous expliquer ce creux en moi tout à coup ?
Le soleil donne par le vasistas...
La poussière brille dans le faisceau doré.
Mes oncles ont tout vidé. Avec le coeur lourd aussi, je m'en doute.
Alors je m'assois sur le plancher.
Là où, il y a une vingtaine d'années, il y avait un vieux lit qu'on avait recouvert d'un drap, ma cousine et moi.
Et tous les étés, on passait au moins une fois par jour dans ce grenier pour se plonger dans une des bandes dessinées qu'elle avait apportées de la Pugeole. C'était notre refuge, on avait même le droit de sauter sur ce vieux lit !
Le soir j'entrais dans le grenier pour prendre mon livre en cours. Mais je refermais vite la porte et en tirais le loquet !
J'avais le droit de lire au lit, chez ma mémée.
Et quand je fermais ma veilleuse, il n'était pas rare que je commence à entendre le huhulement de la chouette. Cette petite chouette qui avait
pris ses quartiers dans un des peupliers qui longeaient le chemin de la maisonnette.
Et puis, il y avait aussi le passage du train. Là, je savais qu'il était temps de dormir.