Du coup, tant pis pour vous.
Je continue avec mes souvenirs.
extraordinaires/insolites/débiles???? non, moment magique.
J’ai 17 ans, je suis en terminale au lycée.
Je fais partie des bons élèves mais pas les boutonneux à lunettes hein, ceux avec du Mojo, bon en classe et cool à côté !
Me demandez pas comment, j'ai suis pour rien, c'est pas d'ma faute, je suis innocent des crimes qu'on m'accusent.
Et ouai, j’ai affuté le style du beau gosse depuis mes 14 ans… si je traine toujours mes jeans troués avec épingles à nourrice partout, fini les T-shirts LC Waikiki, la coupe sonic et le biactol.
Maintenant c’est boucle d’oreille (anneau avec petite croix), verni à ongle pailleté (mais uniquement sur les petits doigts hein) et cheveux mi-longs avec bouclettes blondes… (en fait ma vie d’ado et c’est l’accumulation de look plus douteux et improbables les uns que les autres… Et encore, je ne vous ai pas parlé de ma coupe de cheveux en 5éme)
Pourtant, dans mon lycée technique (95% de mecs donc à l’époque, autant dire que les filles c’est un concept lointain pour beaucoup), je suis un des rares gars qui côtoient un groupe de filles de différentes classes. Mieux encore, j’y suis plutôt apprécié. Sûrement le côté inoffensif du mec qui à l’air de se chercher un peu et de pas savoir où il est.
Pourtant, j’ai quand même eu quelques aventures de ci de là, je suis donc bien défini en terme de sexualité.
Mais je suis à tel point apprécié que, attention, vous le sentez venir non ???? Quatrième dimension incoming… alerte, alerte une des filles a un vrai béguin pour moi et nous sortons ensemble depuis déjà quelques mois.
Naturellement, je n’ai rien vu venir tellement je suis un grand benêt.
Timide, elle a fait passer le message par sa meilleure amie qui trainait avec moi à l’internat.
Ah oui, l’internat, le truc qui te rend encore plus con que ce que tu es à la base. Tu regroupes 200 ados que tu enfermes toutes les nuits dans un grand bâtiment avec un effectif de gardien en sous nombre et tu te dis que ça va bien se passer, mais oui, on y croit… la croisée des mondes entre l'hopital psy, la prison et le loft
Totalement surpris de la situation, mais agréablement surpris. Enfin en mode : « hein quoi, qu’est-ce, non mais, me dite pas qu’c’est t’y pas vrai… »
Nous nous sommes retrouvées un petit matin de janvier derrière l’internat et y avons échangé notre premier baiser.
Flore à 15 ans, elle est pétillante, intelligente, radieuse, fraiche et toujours partante pour la rigolade. Une énergie d’enfer qui bouscule ma vie d’ado très social mais parfois un peu solitaire. Et à 15 ans, elle a déjà un corps de femme (vous voyez dans les films l’ado qui bugg devant la pin-up du lycée, voilà, c'est bon, vous ciblez, ben vous m’avez à ce moment).
Très courtisée depuis son entrée au Lycée, elle a fait changer mon statut en quelques semaines de lambda cool à alpha auprès des autres lycéens et lycéennes. Une des expériences qui me feront bien comprendre, que dans la vie, c’est bien la femme qui t’accompagne qui fait l’homme que tu es.
A cette époque, je suis donc en internat, et plutôt en roue libre question déconne. Mode rien à foutre activé, je surfe sur mes acquis pour profiter de mon jeune âge avec les potes. La plage n’est pas loin, le sud, le soleil, la fin de l’année se fait sentir, une copine, j’ai une putain de belle vie en fait.
Le BAC oui, mais je sais déjà que je vais l’avoir sans même réviser et je sais déjà que je suis accepté en prépa là ou je veux aller… Vous voyez, bon élève le gars (benêt puissance mille mais bon élève, on se rassure comme on peut).
Et c’est ça, j’ai mon bac, avec mention naturellement, les vacances sont là et chacun repart chez soit.
J’habite à une trentaine de kilomètre du lycée, Flore elle, habite relativement proche du lycée.
Nous voilà séparé et potentiellement pour deux mois. Finalement, j’ai peut être pas une si belle vie que ça…
Heureusement, avec force et persuasion, nous parvenons à faire accepter de nos parents respectifs que nous passerons un week-end sur deux l’un chez l’autre.
Alors à l’époque, je le vois maintenant avec le recul, quand t’as 17 ans, et qu’il faut convaincre tes parents que ouai, ça va le faire, tu vas faire venir ta copine de 15 ans pour passer le weekend. Ta copine qui va dormir dans ta chambre avec toi et qu’il ne va rien se passer bien entendu… je pense que j’ai loupé une grande carrière d’avocat en fait.
Mais non votre honneur, mon client n’a pas tué 17 personnes, il a juste un peu ripper avec sa machette, faut le comprendre, c’est lourd ces engins.
Ah ok ça va alors, acquitter donc.
Merci votre honneur.
Mais j’y suis parvenu et Flore aussi. Il faut dire que sa famille est plus… open que la mienne dirons-nous.
Chez moi, ma personnalité d’ado parfois un peu borderline, même si toujours gentil et prévenant, détonne un peu. C’est pas du tout le genre de la maison. Mes parents veulent que je fasse des études, à l’image de mon frère qui deviendra bientôt polytechnicien, mais je passe tous mes weekends à sortir, à faire la fête.
Ma mère me dira plus tard : « Tu sais, on en avait marre d’avoir tous les weekends des filles au portail qui venaient te chercher ».
C’est là que je me rends compte que nos parents ne vivent pas notre adolescence comme nous…
Bref.
Ils (mes parents) ne le savent pas, mais Flore est moi avons déjà consommer le fruit défendu.
Petit bricoleur, j’ai trouvé comment crocheter la serrure de l’accès à l’internat. Et depuis avril (ne te découvre pas d’un fil mon œil ouai), nous avons pris l’habitude de passer les 2 heures de permanences que nous avons en commun le mardi après-midi (magie des emplois du temps) dans ma chambre à l’internat. Là dans la pénombre et le silence du grand bâtiment vide en journée, nous avons vécu notre première fois.
J’aurais eu l’honneur et le privilège d’être son premier amant.
Moment qui comme à chacune de mes premières fois vaut le détour mais ce n’est pas le sujet de l’histoire.
Je me suis toujours dit que je dois être le fils spirituel de Pierre Richard.
Donc, le premier weekend des vacances arrive. Opération séduction oblige, et vu nos âges respectifs, c’est moi qui vais chez elle en premier. Elle vit avec sa mère divorcée et son jeune frère.
Pour l’occasion, j’ai fait le plus sobre possible. Pas de fioritures, look fils de bonne famille.
Mais c’est qu’elle se fout de ma gueule en me voyant arrivé, merci, j’essaie de rassurer ta mère là.
Nos parents se parlent un moment.
J’adore quand mes parents veulent se montrer rassurant genre mais rassurez vous hein, il n’a jamais violé personne encore hein… Mais taisez-vous, vous ne voulez pas me faire passer pour un serial killer aussi tant que vous y êtes. Mais il est vrai que du côté relation avec les femmes, j’ai reçu une très bonne éducation.
Puis mes parents partent.
Ouf.
Me voilà donc avec Flore et sa famille pour le weekend.
Nous discutons un peu, j’avais déjà vu sa mère et nous avions déjà discuter.
Je joue la carte bac avec mention, prépa l’année prochaine pour viser une grande école histoire de montrer que je suis fréquentable.
Mon dieu qu’on peut être crétin à cet âge là….
Puis elle (Flore hein, pas ça mère, je vous voir venir naméo, on a dit pas les mamans) m’emmène dans sa chambre. Là, pendant que Ricky Martin met l’ambiance dans la radio… un, dos, tres… un poquito morceau des sparadra, un, dos, tres un poquito par là… (ouai, j’ai toujours été fort en parole de chanson) nous papotons tranquillement tous les deux en attendant le repas du soir.
Entre chamaillerie d’ado et moments de tendresse, les minutes, les heures s’écoulent paisiblement.
Ce repas sera vite expédié sur la petite terrasse du bas.
Bon, fais pas le con Jabba, dit pas de connerie, tiens toi droit, tes coudes bordel, on a dit pas sur la table, et tu demandes si tu veux sortir de table… et putain, on ne fixe pas les gens, mais tu vas répondre tête de gland oui, on te parle, quoi, on me parle, non, merde si, mais quoi, c’était quoi la conversation, putain, je vais encore passer pour un con, mais non, comme d’hab, vas-y au talent, au ta…quoi ???? mais c’est une malédiction bordel, je suis un crétin invertébré, posture typique de l'ado cela dit….
Mais j’ai survécu, j’ai passé l’épreuve et le public en délire n’a pas voté pour que je quitte l’aventure.
C’est une fin de journée/début de soirée typique du début d’été dans le sud.
Il fait chaud, une brise légère souffle (pas un mistral désagréable, simplement un petit vent doux). La fenêtre est ouverte sur de vieux volets à persiennes fermés pour ne pas faire entrer la chaleur.
Dehors à travers les persiennes, nous voyons l’heure dorée arriver et les cigales se font de plus en plus silencieuses laissant une place plus prononcer à Wes - Alane.
Décidément, on n’était quand même pas gâté question musique. Dire que des années après, ce tube reviendra, ça vous apprendra les jeunes à vous moquer de vos ainés.
Nous ne sommes plus que tous les deux, le monde extérieur n’existe plus.
Comme je l’ai dit, nous avons déjà fait l’amour ensemble, mais là, c’est différent, il faut faire fort pépère. Ce moment sera gravé à jamais dans nos vies.
Bon sang, Jabba, toi tu sais te mettre à la cool mon gars, pas de pression, no stress, réfléchit, réfléchit, réfléchit… Alors si je prends l’intégrale de x au carré sur…. Mais non pas ça, t’es pas en train de préparer un cours là t’es un crétin ou quoi…. Mais, on avait pas dit que c’était acté ça que j’étais un crétin, ça devrait pas t’étonner mon Jabba… Oh merde, je suis en train de me parler à moi-même… faut sortir un truc de dingue, tu dois marqué le coup…. Ah ouai ok alors si je mets discrètement un tango et que je la prends dans mes bras comme ça et que je la penche façon film genre je suis james bond et… mais t’es con ou quoi, on a dit stop les plans foireux, tu t’es pris pour Pierce ou quoi…. Et merde, je me reparle à moi-même encore, ce n’est pas possible, tu l’as foutu ou ton cerveau…
Et là miracle, sortie de mon cerveau, le rappel de mes escapades chez mes parents…
En effet, depuis plusieurs années, la nuit, je sors par la fenêtre de ma chambre au premier étage et je descends par la pergola discrètement.
Une fois en bas, je disparais pour la nuit sans que mes parents ne la sachent, allant me balader, voir les potes, les copines etc…
C’est ça qu’il faut faire, ça va le faire, on s’éclipse et on part pour une promenade romantique.
J'vais t'en créer du souvenir tu vas voir... ah ah ah
Je dis à Flore : « Viens, on sort, la plage est à côté, discrètement, on prend deux serviettes et allons-y ».
Flore acquiesce (pour une fois que j'ai pas une idée à la con), nous souhaitons la bonne nuit à la maisonnée en passant prendre les serviettes et retournons nous enfermer dans sa chambre.
Là, nous sortons discrètement par sa fenêtre (au rez de chaussé c’est plus simple), repoussons les volets et partons ensemble vers la plage main dans la main, insouciants. Un petit goût de défendu nous stimule dans cette aventure qui maintenant est bien nocturne.
Après une bonne marche, nous arrivons enfin sur la plage.
Finalement la plage n’est pas juste à côté, faudra que je revoie mon système d’évaluation des distances. On n’avait pas dit que les gars était vachement bon en sens de l’orientation à la base ????
Déserte à cette heure-ci, les vagues viennent s’y écraser doucement sous les étoiles. Le gros de la clarté de la nuit nous est offert par une lune claire presque entière.
Nous avons quitté les lumières et les bruits de la ville. A cette heure, il n’y a que les rayons de la lune qui dessinent nos silhouettes et le roulis des vagues comme tout accompagnement dans la douceur de cette nuit d’été.
Bon en fait, j’ai le cœur qui joue du tamtam façon grand orchestre africain mais je fais style je domine la situation. On va quand même éviter la tirade à la Clavier dans les bronsés, si je pouvais ne pas passer pour un con pour une fois. C'est fou comme une situation simple peu vous mettre en l'air quand même
Après avoir contemplé un moment la main dans la main le paysage, nous décidons de nous mettre à l’eau.
Ensemble, nu, nous plongeons dans cette masse fraiche et sombre.
Bon sang, la lune sur le corps nu de Flore… qu’elle est belle, pince toi Jabba, c’est bien toi qui est là hein, on est certain, on rêve pas hein, ce moment existe hein, je suis bien en train de le vivre hein, on est d’accord, ouh ouh ouh, alerte rouge, c’est le débarquement, le d-day, on le range dans souvenir prioritaire avec déclenchement de l’enregistrement haute définition.
Là, sous le clair de lune, dans cette mer accueillante nous nous enlacerons, nous nous embrasserons, nous nous mélangerons. Le rythme des vagues nous bercera et nous donnera le tempo. Ce sera un de ces moments d’éternité qui restera graver en moi (j’espère qu’il en est de même pour elle).
Nous nous y arracherons finalement non sans mal pour nous retrouver sur la plage.
Nos deux serviettes côte à côte, nous resterons ensemble là longtemps, très longtemps, tendrement blottis. Sous les étoiles, nos deux corps nus, l’un contre l’autre.
Cette nuit-là, nous resterons seul sur cette plage, hors du temps, hors du monde, ensemble dans ce moment fusionnel, nous ferons encore l’amour, toute la nuit, jusqu’à tomber de fatigue mes bras autour d’elle nos corps l’un contre l’autre.
Au petit matin, le soleil et les bruits alentours nous réveillerons Couillonne de mouette, non mon porte-feuille ne se mange pas.... et rien à faire que tu me regardes en disant à moi, à moi... c'est le mien t'as compris
Nous repartirons pour retourner discrètement dans sa chambre, comme si de rien était.
Personne ne le saura, ni sa mère, ni mes parents, la terre ne s’est pas arrêtée et le monde a continué de tourner comme si de rien était, mais nous avons vécu cette nuit, un de nos moments d'éternité, notre première nuit d’amour, ensemble.
Le weekend d'après, nous ferons une escapade dans mes collines de Provence mais c'est une autre histoire.
Cabrel aurait dit qu’on est qu’un samedi soir sur la terre. Je suis plutôt Einstein, c’est vachement relatif Francis.
Epilogue : même si je ne ferai pas ma vie avec elle, elle restera quelqu’un d’important et d’essentiel pour moi et ma construction.
Nous partagerons ensemble bien d'autres moments intenses.
Nos chemins se séparerons 3 ans plus tard, elle, attirée sous d’autres cieux et par d’autres que moi.
Et moi, subjugué par celle qui deviendra la femme de ma vie, je n'en mènerait encore pas large.
Mais c'est elle qui fera donc l’homme que je suis.